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MONSIEUR, FRÈRE DU ROI, UN PRINCE CALOMNIÉ

Des ragots de cour ne font pas une histoire. Philippe d’Orléans, frère cadet de Louis XIV, vaut beaucoup mieux que sa réputation. Rien que son affectueuse et indéfectible fidélité à son frère inspire le respect.

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MONSIEUR, FRÈRE DU ROI, UN PRINCE CALOMNIÉ

Les contemporains, la postérité, les mémorialistes, les historiens se sont donné le mot pour présenter Monsieur, frère de Louis XIV, sous les traits d’un prince efféminé, sans talent ni caractère, écrasé par un aîné solaire qui l’éclipsait à plaisir. Et si tout cela était faux ?

Telle est l’opinion d’Elisabetta Lurgo, dernière biographe de Philippe d’Orléans (Perrin). Ses origines italiennes lui ont permis de porter, sur le Prince, un regard décalé, moins influencé par les médisances de la cour de France et les calomnies d’une historiographie républicaine facilement moralisatrice, donc prompte à condamner les mœurs de Monsieur, quand elle n’accuse pas Anne d’Autriche et Mazarin d’avoir efféminé le garçon. Sans tomber dans le travers à la mode de l’idéologie du genre, Elisabetta Lurgo, qui découvrit Philippe d’Orléans à travers ses relations avec la cour de Savoie, en propose le portrait le plus équilibré, le plus honnête et le plus sensible jamais brossé de lui.

Le château de Saint-Cloud du temps de Philippe d’Orléans.

Philippe, un prince singulier

Né à Saint-Germain-en-Laye le 21 septembre 1640, deux ans après le dauphin Louis, Philippe d’Orléans, second fils du couple royal, et don inespéré du Ciel qui assure la continuité dynastique, n’est pas, comme on l’a dit, un second rôle dépourvu d’intérêt. Longtemps, Louis XIV passe pour être fragile et plusieurs accidents de santé, en sa jeunesse, le mettant aux portes du tombeau, font de Philippe, son cadet et l’héritier du trône tant que le jeune roi n’a pas assuré sa postérité, l’ultime, et donc précieux, recours dynastique. En fait, il n’a pas tenu à grand-chose que Philippe ne régnât. Cette évidence réduit à néant l’hypothèse d’une cabale des éducateurs de l’enfant qui l’auraient « perverti » afin d’éviter de le voir, adulte, imiter les complots de son oncle Gaston.

Philippe n’a besoin de personne pour, très tôt, manifester son peu d’attrait pour les occupations viriles. Il n’aime ni l’équitation, ni les jeux violents, ni la chasse, préfère la parure, les pierres précieuses qu’il collectionnera avec passion, la conversation où il brille avec éclat, étant intelligent, cultivé, disert, et même, diront certains, « bavard comme trois ou quatre femmes ». Ces traits de caractère, incontestables, tout comme son goût pour les beaux hommes qu’il ne songe pas à cacher, très répandu, au demeurant, – Mme Lurgo le rappelle –, à la Cour, montés en épingle, serviront à tous les portraits faussés, anecdotiques, méchants et injustes qui seront brossés de lui.

Monsieur, charmant, érudit, spécialiste incontesté des questions complexes de l’héraldique, de l’étiquette, des relations curiales et diplomatiques, en dépit de ses préférences sexuelles, n’est pas une femmelette. Pas plus que ses compagnons, le marquis d’Effiat ou le chevalier de Lorraine, rudes guerriers qui exposent nonchalamment leur beauté sur les champs de bataille. La superbe victoire qu’il remportera à Cassel, le 11 juillet 1677, sur Guillaume d’Orange, alors que le Roi, inquiet, venait de lui conseiller de retraiter, démontre, non seulement l’éclatant courage du duc d’Orléans, mais encore des talents stratégiques susceptibles de faire de lui l’un des grands capitaines de son temps. L’on a beaucoup glosé sur son éloignement des champs de bataille après ce triomphe, supputé sur la jalousie royale. Mme Lurgo préfère rappeler que l’on n’aimait pas exposer la vie des Princes, encore moins prendre le risque de les voir tomber au pouvoir de l’ennemi. En fait, loin d’éloigner son frère des commandements militaires, Louis XIV n’hésitera pas à en lui confier de première importance, telle la fortification des côtes qui lui donne, en 1693, avec le grade de généralissime, la haute main sur la défense française le long de la Manche et de l’Atlantique.

Aucune jalousie ni méfiance, au contraire, quand, en 1679, puis en 1684, les deux aînées de Monsieur, Marie-Louise et Anne-Marie, nées de sa première union avec Henriette d’Angleterre, épousent, l’une le roi d’Espagne, l’autre le duc de Savoie. Les filles légitimes de Louis XIV n’ayant pas vécu, le roi doit, pour assurer par des mariages sa diplomatie, se rabattre sur ses nièces. Il pourrait redouter d’allier son frère à des souverains ennemis ; il n’en est rien. Mme Lurgo, à travers la correspondance de Philippe avec la cour de Turin, démontre combien le roi lui fait confiance, recourant à ses services pour passer certains messages, et la parfaite loyauté du duc d’Orléans en ces tractations.

La princesse Palatine : Elisabeth Charlotte, en 1670.

Fidèle à sa maison, à son roi et à son pays

Nulle jalousie non plus lorsque, bien avant l’achèvement de Versailles, le Roi peut constater, ébloui, la splendeur de Saint-Cloud, château favori de son frère où celui-ci, mécène éclairé et digne héritier de ses ancêtres Médicis, auxquels il ressemble par plus d’un trait, a déployé un goût qu’il a fort sûr. Hérédité Médicis encore, quand Philippe, bien qu’il joue gros jeu et dépense sans compter, – attitude que l’on attend d’un prince –, se livre en parallèle discrètement à des placements financiers qui assureront pour très longtemps la fortune de sa famille. Et les intérêts de la France puisque, parmi ces opérations, la plus rentable est le percement, à ses frais, du canal d’Orléans qui facilitera les échanges commerciaux. Monsieur, en effet, n’aime pas l’argent comme tel mais pour ce qu’il permet d’acheter, et pour le bien qu’il permet de faire.

C’est un paradoxe ordinaire à l’époque de voir cohabiter dans la même âme une dévotion sincère – car Philippe est bon chrétien – et une vie dévergondée qu’il rachète, faute d’y renoncer, par une incontestable générosité envers les œuvres d’Église et les pauvres.

Est-ce crainte de Dieu, ou bonté véritable qui semble avoir été le fond de son caractère, malgré quelques éclats d’humeur auxquels il était sujet ? Philippe d’Orléans s’efforcera d’être un bon mari. Si Henriette d’Angleterre le méprise, le déteste, s’amuse à le rendre jaloux et très malheureux, tout en se posant en victime perpétuelle, jusqu’à laisser peser sur lui, quand elle disparaît brutalement, d’affreux et injustes soupçons d’empoisonnement, la princesse Palatine avouera avoir beaucoup aimé cet homme peu ordinaire mais avec qui elle formera un couple aussi bizarre qu’affectionné …

La princesse Palatine : Elisabeth Charlotte, en 1670.

Bon père et généreux

Ce bon mari est aussi, et par-dessus tout, un bon père qui adore ses enfants. Alors que perdre un nourrisson est chose banale que l’on songe à peine à déplorer, Monsieur est, à chaque fois, accablé de chagrin. Le pire grief qu’il nourrira contre la première Madame est d’avoir, par ses imprudences calculées, multiplié les fausses-couches et provoqué la naissance prématurée d’une fillette morte avant d’avoir pu être ondoyée. À la douleur du père s’ajoutera le désespoir du catholique, persuadé que la petite princesse a perdu le bonheur éternel. La mort de sa fille aînée, la reine d’Espagne, sacrifiée à la raison d’État sans que Philippe ait pu ni voulu s’y opposer, lui sera un crève-cœur et il s’ingéniera à épargner à la duchesse de Savoie le même sort, quitte à s’immiscer dans la vie privée du couple afin de protéger Anne-Marie. Cette tendresse se reportera sur sa petite-fille, la toute jeune duchesse de Bourgogne, sur laquelle il veillera. Quant à son fils, le futur Régent, sans doute est-il le plus précieux cadeau qu’il ait fait à la France et à la dynastie.

Pourquoi, dans ces conditions, s’être tant acharné à salir l’image et la mémoire d’un prince dont la mort, le 9 juin 1701, marque la fin des belles années du règne ?

Peut-être Mme Lurgo a-t-elle raison quand elle affirme que l’affection de Philippe pour son aîné, sa fidélité indéfectible, son refus de se mêler d’intrigues et de complots, donc d’aider à la fortune de courtisans intéressés à ces manœuvres, attitude si différente de celle des cadets de la Maison de France dans le passé, lui valut cette réputation de faiblesse, de légèreté, de sottise et de débauche qu’il ne méritait certes pas.

Il faut la remercier d’avoir avec tant de talent rétabli la vérité et rendu justice à Monsieur.

Philippe d’Orléans, Elisabetta Lurgo, Editions Perrin, 390 p, 34 €

 

 

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