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Michel Bouquet : le Roi ne meurt pas

Suite à l’annonce du départ de Michel Bouquet au paradis, celui du dernier et plus haut balcon d’une salle de théâtre, nous laissons les panégyriques circonstanciés et détaillés à d’autres chroniqueurs pour revenir à l’essentiel.

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Michel Bouquet : le Roi ne meurt pas

Au-delà de sa carrière théâtrale, au service des plus grands auteurs (Molière, Diderot, Ionesco, Samuel Beckett, Strindberg, et surtout Jean Anouilh), puis sa participation à plus  de cinquante films réalisés par non point des moindres (Clouzot, Abel Gance, François Truffaut, Claude Chabrol, Alain Corneau, André Cayatte)… Il y avait le Maître.

Toute aventure théâtrale débute et se suit avec les grandes rencontres et fusions passionnées. Ainsi Michel Bouquet se rend chez Maurice Escande, sociétaire de la Comédie-Française, qui lui propose de suivre ses cours. Intégrant le Conservatoire d’art dramatique de Paris en compagnie de Gérard Philipe, le Mozart indiscipliné de l’art  théâtral, il rejoint le grand orchestre dirigé par Jean Vilar au T.N.P.

L’aboutissement de sa carrière est sa nomination en 1977, en tant que professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique. La transmission est en marche, le message passe depuis Aristophane à Anouilh en passant par Molière et Ionesco.

Son principal souci résidera dans la recherche incessante de la quintessence du texte. Après avoir interprété Le Roi se meurt de Ionesco dans une mise en scène de Georges Werler en 1994, reprise de 2004 à 2006 puis de 2010 à 2014, Michel Bouquet se rendait dans sa loge bien avant le lever de rideau. Il relisait le texte ! Il en fut de même pour tous les rôles du théâtre classique et contemporain qu’il interpréta durant une carrière sur les planches qui se déroula sur près de soixante-dix ans.

Dans l’approche d’un personnage, Michel Bouquet privilégiait le ton et le débit de la voix à choisir. Que de fois sa voix fut qualifiée de grave. Que nenni ! Cette formule usitée par les sourds omet que sa voix pouvait  monter dans l’aigu, s’écouler dans les basses. L’acteur avait eu pour don d’hériter d’une voix métallique et d’utiliser un marteau différent selon le rôle en frappant les différentes cordes de son arc vocal.

Il en a été de même pour ses apparitions au cinéma et au petit écran. En ce qui concerne le 7e Art, il en a créé un 8e, celui de l’incarnation du génie maléfique, le Machiavel des temps modernes avec son interprétation de Mitterrand dans le film de Robert Guédiguian, Le Promeneur du Champ-de-Mars. Portrait d’un roi qui jouait le rôle d’un président de la République.

La liste des récompenses qui lui furent attribuées dépasse le format d’un article, mais on pourra se référer à son livre de souvenirs remanié par trois fois au cours de ses différentes expériences, Mémoire d’acteur, édité chez Plon, dans la collection Mémoires et Témoignages.

Et comment ne pas demander au talentueux Maxime d’Aboville de reprendre sa pièce créée en 2020, au théâtre de Poche-Montparnasse, Je ne suis pas Michel Bouquet, d’après Les Joueurs, livre d’entretiens avec Charles Berling.

Le Roi se meurt ?… Non ! Avec Michel Bouquet, la royauté ne peut disparaître.

 

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