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Mélenchon, le marxiste exploiteur

Tout m’enchante dans ce tweet mélenchonesque.

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Mélenchon, le marxiste exploiteur

Tout d’abord la reconnaissance du fait que le prolétariat immigré est bien l’armée de réserve du patronat, prêt à se contenter de salaires et de conditions de travail que les autochtones répugnent à accepter. Car bien sûr, lorsque l’on dit que les immigrés viennent faire les boulots « dont les Français ne veulent pas », il faut toujours ajouter : « au prix que vous êtes prêt à les payer » – et que celui qui n’a jamais regardé quel était le salaire avant d’accepter un boulot leur jette la première pierre.

Ensuite la reconnaissance du fait que cette armée de réserve importée permet aux catégories sociales supérieures de faire « garder leurs gosses », « nettoyer leurs bureaux », livrer leurs repas à domicile, et autres choses du même genre, à des prix modiques. Que les immigrés sont, par conséquent, la domesticité 2.0 de l’aristocratie métropolitaine, celle qui regarde avec morgue les ploucs qui fument des clopes et roulent en diesel ; ces ploucs autochtones qui voient à la fois leurs emplois délocalisés et ceux qui resteraient à leur portée trustés par le prolétariat importé. N’est-il pas savoureux de voir un « marxiste » donner raison à Marx mais en se plaçant du côté du patronat et des « exploiteurs » ?

Quant au « et quand bien même ! », qui signifie à l’évidence « et quand bien même l’immigration poserait tous les problèmes dénoncés par un Eric Zemmour », n’est-il pas magnifique ? Oui, n’est-il pas magnifique de voir l’un de ceux qui clament à longueur de temps « nos vies valent plus que leurs profits » reconnaitre implicitement que son niveau vie vaut mieux que la vie de Jojo le gilet jaune péri-urbain ?

« Mais pourquoi ces gueux nous rebattent-ils les oreilles avec leurs problèmes d’insécurité ? Pourquoi nous parlent-ils de l’école de leurs enfants, dans laquelle de plus en plus d’élèves ne parlent pas français et où se faire racketter ou casser la gueule est une angoisse quotidienne ?
Eh, quoi ! Ces gueux refusent de garder mes gosses ou nettoyer mes bureaux pour la bouchée de pain (sans gluten) que je suis prêt à leur concéder. Ils n’ont que ce qu’ils méritent ! »

Tout, dans ce tweet, est mirifique. Rarement avait-on dit autant de choses en aussi peu de mots, et rarement avait-on poussé à ce point de perfection l’art de se tirer une balle dans le pied. D’ailleurs ce n’est même pas une balle, c’est une rafale, c’est un chargeur tout entier. C’est bien simple, ce tweet, je crois que je vais l’encadrer.

Par Aristide Renou

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