Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Commissaire à la Criminelle de Berlin, Bernie Gunther, auréolé de quelques succès retentissants, s’est retrouvé, bien malgré lui car il est farouchement hostile à Hitler, propulsé capitaine dans le SD, la sinistre police de la Gestapo, plaisanterie qu’il doit à Heydrich, dont l’humour particulier ne laisse pas de l’inquiéter. Quand celui-ci, nommé Protecteur de Bohême, lui demande de le rejoindre à Prague afin d’enquêter sur une tentative d’assassinat dont il aurait fait l’objet, Gunther se sent plus enclin à féliciter l’auteur de cet attentat qu’à le traquer. Mais comment refuser ? Histoire de faire passer la pilule, il emporte dans ses bagages la belle Arianne, qu’il a sauvée d’une tentative de viol sur un quai de métro. Il ne le sait pas encore mais c’est une très mauvaise idée … Focalisé sur l’étrange meurtre en chambre close dont vient d’être victime l’un des aides de camp d’Heydrich, occupé à résoudre cette irritante énigme, aveugle à tout le reste, Gunther se fera manipuler comme l’innocent qu’au fond, il est encore …
Nommé, au retour de cette mission faussée dont il peina à se tirer vivant, enquêteur au Bureau des crimes de guerre de la Werhmarcht, occupation dont il peut, lui qui a assisté à l’Est aux pires exactions allemandes, mesurer la tranquille hypocrisie, Gunther s’ingénie à survivre en tentant de se compromettre le moins possible avec le pouvoir. Hélas, on ne peut dîner avec le diable qu’armé d’une longue cuiller.
Aussi ne trouve-t-il rien à répliquer lorsque, convoqué par Goebbels, il se voit demander de prendre en main l’enquête concernant des charniers pleins d’officiers polonais découverts dans la forêt de Katyn. Le but : dénoncer les atrocités soviétiques afin d’occulter celles du nazisme … Gunther part pour Smolensk où il devra faire face à l’hostilité du maréchal von Kluge, à un égorgeur, aux partisans communistes, et couvrir les activités de hauts officiers décidés à occire à Hitler qui, s’ils ne manquent pas de courage, n’ont aucune des qualités requises pour le métier d’assassin …
Philip Kerr poursuit, avec un remarquable talent, sa dissection de l’Allemagne et du monde hitlériens à travers les faits et gestes, les angoisses, les révoltes et les états d’âme d’un héros trop souvent obligé de pactiser avec le mal, bien qu’écoeuré de sa propre lâcheté. Le travail de recherche historique est époustouflant, sa mise en scène spectaculaire, le résultat à couper le souffle. Plongée garantie au cœur des ténèbres.