Enfin rentré de son exil lorrain, Voltaire déchante amèrement : Paris l’a oublié et c’est bien le pire châtiment qui pouvait le frapper ! Comment revenir sous les feux de l’actualité ? Un hasard, que le philosophe ne saurait évidemment qualifier de providentiel, s’offre à lui lorsqu’il se retrouve témoin incrédule de la résurrection, sur une table de dissection, de la charmante Blanche, jeune servante pendue le jour même pour un vol dont la miraculée se prétend innocente. Réhabiliter la demoiselle, dénoncer une peine disproportionnée à la faute, ne serait-ce pas un combat enfin digne de l’Ami des Lumières ? Voltaire en est convaincu, Mme du Châtelet, sa maîtresse, beaucoup moins … Tandis que les deux amants se mettent mutuellement au défi de disculper la pendue, une série de crimes vient frapper, avec un acharnement suspect, tous ceux ou celles capables de conduire à la découverte de la vérité.
Même s’il n’y a plus aucune prétention à la véracité historique dans ce nouvel opus, Lenormand, qui connaît à la perfection son XVIIIe siècle, s’amuse, et amuse son lecteur, en l’entraînant dans une folle cavalcade à travers le Paris de Louis XV, à la découverte d’une galerie de personnages loufoques ou fous à lier mais toujours distrayants. Bien entendu, Voltaire oblige, tout cela est rien moins qu’édifiant mais comment résister à la cocasserie d’une enquête où les vices d’hier servent à dénoncer, et avec quelle verve, ceux d’aujourd’hui ?

Frédéric Lenormand : Ne tirez pas sur le philosophe ! Lattès ; 345 p ; 19 €