Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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La nouvelle est un art difficile qui ne pardonne aucune défaillance. David Gaillardon prouve que cet art, il le possède. Passant avec aisance du récit historique, parfois ambitieux, à la peinture acerbe des travers contemporains, il jongle avec les époques, les personnages, les situations.
Voici, pour commencer, un très cruel conte de Noël, situé dans un manoir perdu des pays baltes, en la nuit de la Nativité 1804, où Louis XVIII et son semblant de cour ont trouvé refuge et où le comte de Mailly-Nesle, modèle de foi et de fidélité, aventurera, peut-être à jamais, le salut de son âme.
Puis une romancière hongroise, jumelle de la célèbre baronne Orczy, auteur des aventures du Mouron rouge, installée en France et auteur des tragiques mésaventures du chevalier du Lys, encensée, en ces années 30, par la presse royaliste, qui découvre l’amour au Salon du livre antifasciste de Montluçon. Et un prisonnier de guerre français très désireux de revoir sa femme ; un jeune officier prussien, en 1870, parti visiter le manoir solognot abandonné deux siècles plus tôt par ses ancêtres huguenots, un banquier britannique au chevet d’une épouse agonisante qu’il semble tendrement aimer ; un archevêque confronté à la messe d’un jeune vicaire assez gai ; un adultère habilement châtié.
Tout cela est d’une qualité littéraire incontestable et d’un cynisme qui ne l’est pas moins. Le monde de Gaillardon est noir, parfois presque désespéré, et, quand un peu de douceur vient l’éclairer, l’auteur n’est pas loin d’en ricaner, comme d’une illusion qui ne saurait durer. On s’y moque de tout et de tous car, ici, au fond, rien n’est jamais vraiment digne de respect. Pourquoi s’en étonner ? N’est-ce pas le monde tel qu’il est aujourd’hui et tel, peut-être, qu’il fut toujours ?
Il est peu probable que vous émergiez de votre lecture réconcilié avec l’humanité et débordant d’un enthousiasme neuf.