En ce début d’hiver 1915, après la terrible saignée des premiers mois de la guerre, l’armée a entamé une chasse impitoyable aux embusqués. Même la police, jusque-là épargnée, voit ses hommes appeler sous les drapeaux.

Pour l’inspecteur Raymond Février, l’arrivée de sa feuille de route fait l’effet d’une bombe. Ce remarquable flic ne veut tout bonnement pas aller se faire tuer au front pour des intérêts qui ne sont pas les siens. Ne lui reste qu’à disparaître dans la nature. Plus facile à dire qu’à faire …

Profitant de faux papiers procurés par une amie de la Préfecture, Ray se transforme en femme. L’improbable Louise Euphémie Chandeleur est née. Encore faut-il lui donner les moyens de gagner sa pitance. Loulou Chandeleur trouve à se faire engager par Miss Cecily Barnett, fille du propriétaire de l’agence de détectives privés Barnett. Ce qu’elle n’a pas prévu, c’est que la gent féminine, même hommasse, n’a pas ses entrées dans le milieu.

Ray, alias Loulou, va devoir refaire ses preuves, en voilette et bas résilles, sous la menace constante du conseil de guerre. L’étrange chantage dont est victime la richissime baronne Schlesinger lui offrira-t-il l’occasion de prouver qu’une femme peut faire un bon privé ?

Librement inspiré de l’histoire vraie d’un déserteur de 14 qui se travestit pour ne pas aller au front, Frédéric Lenormand reprend les efficaces ficelles de sa série Voltaire mène l’enquête, en les transposant dans le Paris de la Première Guerre mondiale. On y retrouve le même humour et la même insolence.

Pourtant, il n’est pas certain que cette série, qui tranche sans vergogne sur le ton des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, et met en scène un anti-héros déserteur refusant d’aller mourir pour la République, et pour la France, rencontre la même sympathie de la part des lecteurs.

Frédéric Lenormand : Seules les femmes sont éternelles, La Martinière ; 285 p ; 18,50 €