Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Quel est le “projet pour la France” des musulmans radicaux ? Et quel est le projet de la France pour les musulmans radicaux ?
Cela s’est produit il y a quelques jours à peine, en plein cœur de Paris, dans les locaux mêmes de la préfecture de police. Un fonctionnaire, a assassiné avec une violence inouïe quatre de ses collègues avant qu’enfin on l’abatte. Tout de suite, les premiers flashs d’information ont fait état, sans crainte du ridicule, d’un drame passionnel. Pourtant, qui coupe la gorge de ceux qu’il côtoie tous les jours dans son travail parce qu’il a une peine de cœur ? Ces faits divers existent, bien sûr, mais dans ce cas on tue la maîtresse, la femme, le mari ou l’amant pas ses voisins de bureau ou ses supérieurs hiérarchiques. En réalité, tout se passe comme si, de toutes les explications possibles, on avait délibérément choisi la moins vraisemblable pour prévenir l’amalgame et la stigmatisation aujourd’hui élevés au rang de crimes capitaux.
Car en effet, peu à peu, la vérité, la sanglante et inacceptable vérité, a filtré : le tueur était un Antillais converti qui se rendait chaque matin à la mosquée vêtu d’une djellaba (Le Figaro du 4 octobre 2019). La nuit précédant l’horrible boucherie, il aurait, selon sa femme, entendu des voix et se serait écrié « Allahou Akbar » (Dieu est grand), témoignage bien opportun pour accréditer la thèse de la folie. Un homme au comportement si étrange ne peut être qu’un aliéné et, d’ailleurs, dès l’abord, nul ne voulait qu’il en fût autrement. L’islam ne pouvait pas être la cause du carnage car, comme chacun sait, « c’est une religion de paix et d’amour ». Tel est le credo régulièrement asséné par les moutons qui bêlent dans le états-majors des partis et transhument dans les couloirs des salles de rédaction, credo qu’il faut répéter chaque matin au petit-déjeuner à peine de passer pour un « fasciste nauséabond, nostalgique des heures les plus sombres de notre histoire et jailli du ventre, encore fécond, de la bête immonde » (vous pouvez compléter par d’autres poncifs).
Au fil des heures, au rythme des bafouillements embarrassés des autorités compassionnelles et des laquais à carte de presse, ce qui semblait d’emblée une évidence pour le Français lambda, doté d’un minimum de bon sens et un peu au fait du caractère taquin et primesautier de certains musulmans légèrement exaltés, est apparu au grand jour. Bon sang, mais c’est bien sûr ! il s’agissait d’un acte terroriste, inspiré par une lecture rigoriste du petit livre vert ! L’assassin avait fait l’objet d’un signalement pour radicalisation dès 2015, après s’être chaudement réjouis du massacre de Charlie Hebdo. Mais comme il était « très gentil et très serviable », de surcroît handicapé, on se borna à l’affecter à la Direction du renseignement et à lui confier la surveillance numérique des sites radicaux. Charger un loup de s’assurer que ses congénères n’entrent pas dans la bergerie est, convenons-en, une décision des plus normales. Et surtout, il faut se garder du préjugé anti-loup autrement dénommé loupohobie.
Je voudrais m’abstraire, à présent, de cet événement tragique pour poser la question plus générale qu’il m’inspire : quelle est l’origine de l’incroyable bienveillance dont bénéficie l’islam dans une grande partie de la classe politique et des médias, bienveillance telle que l’on ne voit plus ce que l’on voit et que, même lorsqu’on le voit, on se garde de le dire (Péguy) ?
Certains évoqueront sans doute – à juste titre – la « religion diversitaire » (Mathieu Bock-Côté) à laquelle ont succombé toutes sociétés occidentales, avec une sincérité plus souvent feinte que réelle et, en arrière-plan l’idée de faire advenir un monde post-national pour le plus grand profit des multinationales apatrides qui détiennent le véritable pouvoir. Mais les racines du mal sont plus anciennes et l’attitude actuelle de nos gouvernants inspirée par des motifs moins nobles qu’un humanisme de pacotille (en réalité mis au service des boutiquiers).
Bon nombre de commentateurs politiques l’ont relevé : depuis que le parti communiste est réduit à la taille d’un groupuscule folklorique comparable aux « Joyeux Turlurons » de Tintin et les Picaros et que le parti socialiste s’est converti à une indigeste (et illisible) bouillie idéologique mêlant à la fois libéralo-européisme et vampirisme socialo-fiscal, la gauche a abandonné les classes populaires pour se tourner vers des miséreux de substitution : les immigrés, au premier rang desquels les musulmans. Les « clients » de naguère, ces Français de souche trimant à l’usine, à la ferme, à l’atelier, ou dans les petits emplois administratifs ont renâclé, d’abord un peu, puis de plus de plus en plus bruyamment, devant le grand projet diversitaire, prétendument humaniste, qu’entend imposer, par force forcée, la technostructure européenne à l’abri de la religion des droits de l’homme, ce faux nez du néo-libéralisme le plus agressif (qui n’a rien à voir avec la théorie libérale classique en dehors de la proximité sémantique). Cette France des petites villes, des villages et des campagnes, que Christophe Guilly qualifie de « périphérique », mais qui représente tout de même soixante à soixante-dix pourcents des habitants du pays, n’a pas eu l’élémentaire bon goût de s’accommoder avec joie d’une augmentation considérable, en termes relatifs, de la population d’origine allogène couplée à une destruction rapide des emplois industriels. Quoi qu’en disent les professionnels de la réprobation, ces gens ne sont pas racistes ; ils ne se soucient pas de grandes théories et moins encore d’établir, à la manière de Gobineau, une hiérarchie entre les races humaines. Leurs préoccupations sont bien plus terre à terre : ils veulent préserver leur capital culturel et vivre décemment, voilà tout ! Ce n’est que s’ils pensent, à tort ou à raison, que « l’étranger » menace et leur mode de vie et leurs moyens de subsistance qu’ils se cabrent. Mais il est si commode de les dépeindre en bloc comme des Dupont-Lajoie avinés, incultes et haineux par nature pour les disqualifier et considérer négligeable leur opinion, ravalée au rang de fantasmes populistes.
Quoiqu’il en soit la base électorale traditionnelle de la gauche a disparu, ou presque. Elle s’est réfugiée dans l’abstention, tournée vers le RN ou, plus récemment, a choisi la protestation à travers un mouvement comme celui des Gilets jaunes. L’enfant chéri des héritiers bâtards du socialo-communisme, c’est désormais l’Autre, celui qui a touché la terre de France hier ou dont les parents sont arrivés il y a quelques décennies mais qui refuse l’assimilation et entend imposer au pays d’accueil les mœurs, la culture et la religion de son pays d’origine parce que, n’est-ce pas, tout se vaut. C’est lui, désormais, le client électoral que l’on choie, que l’on protège comme un « bébé phoque » (André Versailles), que l’on s’interdit de critiquer ou de réprimander même lorsqu’ il vous écrase les orteils avec un sourire de provocation.
J’irais même plus loin, cet Autre idéalisé, sublimé, est non seulement un client électoral mais aussi un appât électoral. En s’instituant son protecteur contre les agressions des forces obscures, la gauche mondialiste, qui n’a plus de gauche que le nom, s’assure les suffrages des classes urbaines, aveugles à ce qui se passe au-delà de leurs villes-mondes, nourries de télévision sous contrôle, d’informations surveillées et biberonnées aux droits de l’homme. Mieux encore, cette moraline qu’ingèrent tous ceux qui, quelque éduqués qu’ils soient, n’ont jamais appris à penser par eux-mêmes, paralyse une droite qui n’ose plus porter la contradiction sauf, parfois, en période d’élection et, d’ailleurs, pour n’en tenir aucun compte au lendemain des résultats. La droite, elle aussi, n’a plus de droite que le nom; elle est acquise au projet diversitaire qu’elle n’ose pas remettre en cause et devant lequel elle s’incline servilement.
Il y a donc en premier lieu, derrière la bienveillance extrême dont bénéficient les immigrés en général et les musulmans en particulier (bienveillance qui va jusqu’à nier, par principe, qu’un crime commis au nom de l’islam soit commis au nom de l’islam) un calcul électoraliste. Ce calcul, assez repoussant, reconnaissons-le, se double aujourd’hui d’une répugnante lâcheté. Contrairement à l’antienne, tous les dirigeants qui se sont succédés depuis quarante ans ne sont pas des imbéciles. Ils peuvent être cyniques, opportunistes, calculateurs, indifférents, arrogants, bref tout ce que vous voulez, mais pas idiots. Ceux qui ont présidé aux destinées de notre pays depuis le milieu des années quatre-vingt-dix savent très bien quelle bombe à retardement constitue ce qu’on appelle communément « les territoires perdus de la République », ces abcès purulents qui ne cessent de se multiplier, ces bubons poussés sur le visage de la France où l’autochtone n’a plus droit de cité, où la loi du bled supplante celle de l’État et où l’islam règne en maître. Ils le savent et ils en crèvent de trouille. Que faire de ces banlieues où règne la loi des gangs, où pullulent les armes de tous calibres, où circulent des femmes empaquetées d’un nombre plus ou moins important de couches de tissu, où même les forces de l’ordre n’osent plus s’aventurer et où le kouffar (c’est-à-dire, en gros, tout ce qui n’est pas musulman) est indésirable ? Personne n’en a la moindre idée et personne ne veut même se poser la question. Qu’un petit malfrat se tue en mobylette en essayant d’échapper à la police, et c’est l’émeute, avec son cortège de voitures brûlées, de jets de pierres, d’assauts de commissariat et de violences physiques. Alors imaginez qu’un gouvernement fasse publiquement le lien entre islam et terrorisme, qu’il s’intéresse à l’infiltration de l’armée ou de la police par les radicaux et prenne les mesures énergiques qui s’imposent ou, même, qu’il décide (sous les huées des autres pays de l’Union européenne) d’imposer fermement (et autrement qu’en paroles) à tous les musulmans le respect des lois de la République. Tous le savent en même temps qu’ils feignent de l’ignorer : c’est l’embrasement assuré.
On ne sait pas exactement combien il y a de musulmans en France. L’estimation basse est de cinq millions mais certains, comme l’ancien ministre à la Promotion de l’égalité des chances Azouz Begag ou la démographe Michèle Tribalat suggèrent qu’ils sont en réalité entre quinze et vingt millions. Si l’on considère que vingt-cinq pourcents de cette population (probablement sous-estimée) est radicalisé (c’est le chiffre généralement avancé au niveau mondial), cela fait tout de même entre 1.250.000 et 5.000.000 de personnes prêtes à prendre les armes en cas de confrontation soit, grosso modo (et a minima), quatre fois et demi l’effectif de l’armée d’active. Même si l’on divise ces chiffres par deux, ils restent terrifiants ! Nous parlons, ne l’oublions pas, de personnes souvent jeunes et n’ayant pas peur de mourir, pour qui la mort est même une consécration, au contraire de l’autochtone moyen. Voilà ce qui explique, du moins en partie, qu’un fonctionnaire qu’on sait acquis à l’islam salafiste reste en poste bien qu’on le sache potentiellement dangereux. Surtout ne pas froisser, ne pas donner l’impression que l’on condamne, ni même que l’on se protège, ce qui traduirait une forme de suspicion. On est ainsi passé imperceptiblement, d’un calcul électoraliste au petit pied, de la recherche d’un nouveau damné de la terre, à une sorte de pied de paix armée. J’en suis convaincu, les intégristes, qui s’inscrivent dans une logique de conquête, n’attendent que l’étincelle qui déclenchera l’affrontement. Ils savent que nos populations vieillissantes, gavées de graisse, lobotomisées par la téléréalité et, surtout, sevrées d’idéal comme des chapons de leur virilité ne sont pas prêtes au combat. Un idéal, eux, les salafistes, ils en ont un, si détestable que nous le jugions, et c’est cela, conjugué à notre pusillanimité, à notre renoncement moral, qui fait leur force. M. Collomb ne s’y est pas trompé qui, à la veille de son départ avertissait son successeur : deux parties de la population se font face et si l’on n’y remédie pas, elles finiront par s’affronter. Alors, quand l’islam frappe, au cœur même de nos villes, que faire sinon s’empresser de nier qu’il soit la cause du drame et trouver en toute hâte une explication au geste du meurtrier, si invraisemblable soit-elle ? Que faire lorsque le grotesque de cette explication de circonstance apparaît au grand jour, sinon condamner l’acte d’un déséquilibré ? L’islam rend-t-il fou ? Les musulmans radicaux ont-ils, a minima, un projet de partition du territoire en attendant une submersion démographique, même relative ? « La question ne sera pas posée ! » comme répondait inlassablement le président du Conseil de guerre à l’avocat de l’infortuné capitaine Dreyfus. Il n’y a qu’une diagonale des fous.