On en connaît les effets et les méfaits, on en mesure l’influence, mais on en revient toujours au point d’où part l’islam conquérant que nous connaissons depuis plus de mille ans, et qui a pris dans notre pays un tour inquiétant : le coran. Les auteurs parlent arabe, ce qui lève déjà un premier obstacle (tout rhétorique) à la réception de leurs thèses. Les voilà qui analysent l’apparition de Mahomet, la rédaction progressive du coran, les hadiths (paroles de Mohammed rapportées par la tradition) : l’idée d’un livre révélé tombé tout droit du ciel, « pétrifié pour l’éternité », est mise à mal, la bêtise des paroles prophétiques est évidente. Le lecteur a accès à une véritable exégèse critique du texte fondateur mais aussi à des pans entiers de culture musulmane dont on chercherait en vain la présentation chez tous ceux qui font profession de trouver dans l’islam une « religion de paix et d’amour » et une source inépuisable de sagesse. L’analyse des versets appelant à la haine du juif et du chrétien est définitive. Après l’examen, fondateur et fondamental du coran, les auteurs passent à la culture islamique, dont deux chapitres, surtout, retiennent l’attention : « l’exploitation par l’ignorance » et « doctrine de la violence », eux aussi très documentés, faisant surgir des pans entiers d’histoire ignorée (les “prophètes” contemporains de Mahomet, par exemple) et définissant précisément le jihad par les textes mêmes, qui ne mettent point trop l’accent sur le “combat intérieur”. Ces deux chapitres sont exemplaires de la méthode des auteurs : partir des textes “sacrés”, les citer abondamment – y compris tous les textes que les islamophiles ignorent, méconnaissent ou taisent prudemment –, montrer les conséquences passées et présentes de ces représentations folles du monde, de la religion et de la société, alerter sur les interprétations volontairement lénifiantes, enfin montrer (c’est l’objet très spécifique du dernier chapitre) comment la doctrine musulmane justifie l’invasion actuelle, physique, sociale, politique et morale. Comme les auteurs, par ailleurs, ne se privent pas de prendre parti, nettement, contre l’islam, au nom des dangers répertoriés et des conséquences désastreuses maintes fois observés, l’ouvrage allie la science rigoureuse à l’expression militante, ce qui est un plaisir.

Toufik Manar et Guy Sorel, La Violence sacralisée. L’islam mis à nu. Éditions de Paris, 2022, 458 p., 20 €