Le pianiste brésilien César Birschner et le violoniste français Grégoire Girard ont formé leur duo dès leur première année d’études supérieures au CNSM de Paris.
Conçu comme une carte de visite à double nationalité, leur premier disque réunit quelques membres du Groupe des Six à l’emblématique carioque Heitor Villa-Lobos. À l’issue de la Première Guerre mondiale – et comme par réaction aux terribles épreuves vécues par les populations – apparurent de part et d’autre de l’Atlantique des courants artistiques attachés à créer une musique de divertissement capable de fédérer la société. Nombre de compositeurs des Années folles puisèrent leur inspiration dans la musique populaire, le music-hall et la poésie émanant de la vie quotidienne.
La Sonate de Poulenc, écrite plus tard (1942-43) en mémoire de Federico Garcia Lorca, ouvre brillamment le feu des festivités. La rare et piquante Sonate de Georges Auric (1936), célèbre pour ses nombreuses musiques de film, se trouve ensuite magnifiquement défendue. Les interprètes complices prennent leur temps pour ciseler les partitions, pour peaufiner de chatoyantes sonorités : intelligence des nuances, délicatesse des spicatti, subtilité des piani aigus, retenue et mesure, tout y est, même si le violon apparaît sage et maîtrisé, trop peut être, On regrette l’absence d’abandon et de prise de risque notamment dans le Bœuf sur le toit (1919, inspiré de l’ancienne chanson brésilienne O boi no telhado), que n’enflamme aucun souffle de folie.
En fin de parcours, l’œuvre de Karol Beffa (2021), qui donne son titre au disque, décline de courts hommages aux différents compositeurs figurant au programme du disque. Imaginatifs et pleins de charmes, ils complètent superbement ce récital qui bénéficie d’une captation précise autant qu’aérée de Lucas Joseph.
Un français à Rio, œuvres de Poulenc, Villa-Lobos, Auric, Milhaud, Beffa, par Grégoire Girard et César Birschner, 1 CD Chronos production.