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L’essai du mois. Surveillance partout, justice nulle part !

Journaliste de Télérama aux convictions ancrées à gauche, Olivier Tesquet donne une « enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance ». On laissera de côté les rares passages où ses convictions l’emportent sur ses analyses, au sujet par exemple du mot « identité », pour s’attacher à la pertinence du reste.

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L’essai du mois. Surveillance partout, justice nulle part !

Il commence par rappeler des propos de Mark Weiser, alors ingénieur en chef de Xerox à Palo Alto, cœur de la Silicon Valley, tenus dans Scientific American : « Les technologies les plus abouties sont celles qui disparaissent ». C’est l’objet de son enquête : nous vivons de façon consentie au cœur de technologies à ce point présentes qu’elles ont disparues. Des technologies qui « se tissent dans la trame de notre quotidien jusqu’à s’y fondre complètement », poursuivait-il.

Où en sommes-nous ? Nous avons été happés par la technoscience, arraisonnés par la machine ainsi que le prédisait Heidegger, au point que la bataille de l’attention est déjà perdue : « En moyenne, un utilisateur lambda touche son smartphone 2617 fois par jour. 109 fois par heure. Près de deux fois par minute ». Et les GAFA nous suivent à la trace. Ce que le patron de Facebook, Mark Zuckerberg, appelle « rapprocher les gens ». La Silicon Valley, prétendument née d’une époque de « libération », les années 60, emmenée d’abord par des hippies, n’a jamais manqué d’humour dans sa volonté de rendre « libres » des personnes enchaînées à ses multiples appareils et réseaux. Enchaînés ? Nous sommes devenus des producteurs de valeur, ce que l’on appelle des « données ». Nous les fournissons aux plateformes et réseaux sociaux, la plupart en lien avec les États. Surveillés, nous le sommes en ce qui concerne nos habitudes, nos pensées, nos déplacements, nos lieux de vie mais aussi au sens où nous habitudes sont anticipées. L’exemple le plus concret de cette surveillance réside dans la reconnaissance faciale, il n’est ainsi pas hasardeux que le président Macron, grand mondialiste devant l’éternel, en promeuve l’utilisation en France. Pour l’auteur, « la surveillance contemporaine est partout, et nous ne la voyons nulle part ».

Contrôler, capitaliser, atomiser

Tesquet démontre à quel point nous sommes suivis à la trace, et surveillés dans tous les territoires, réels ou virtuels, où nous agissons, en organisant son essai en quatre chapitres principaux : contrôler, capitaliser, atomiser et se recomposer. Contrôler ? Dans des entreprises telles que la start-up Humanyze, le badge des employés « moucharde plus que les autres. Il utilise la technologie Bluetooth pour localiser les salariés, et il est doté d’un micro pour enregistrer les modulations de la voix ainsi que d’un capteur de mouvements pour analyser les postures […] l’entreprise assure collecter quatre gigaoctets de données par personne et par jour ». 10 000 salariés répartis dans diverses entreprises dans le monde, de la Nasa à la Banque d’Amérique, sont ainsi sous contrôle quotidien. Dans le même temps, en Chine, les citoyens, en particulier des villes où les minorités religieuses sont majoritaires, ont été mis sous contrôle facial permanent par le gouvernement, un contrôle qui fixe ce à quoi chacun a droit ou non, depuis le logement jusqu’à l’emploi en passant par les soins. Capitaliser ? La quête de bénéfices (faramineux) est l’objet de cette forme d’économie née dans la Silicon Valley et devenue le monde. Les gauchistes des années 70 installés du côté de San Francisco furent ces « cow-boys nomades » qui « constitueront la couche techno-optimiste du milieu, persuadés que le pouvoir libérateur de la technologie affranchira l’Homme de toutes les contraintes imposées par le pouvoir ». Des idéaux « progressistes » qui, ici comme partout ailleurs, ont conduit à l’un des pires asservissements : le fait que nous collaborions avec notre servitude technologique et que nous acquiescions aux injonctions/notifications de nos matons. Atomiser ? « Facebook définit ce que nous sommes, Amazon définit ce que nous voulons et Google définit ce que nous pensons », selon l’historien George Dyson. Le tout dans des « résidences surveillées » que nous nous auto-imposons. Rien de rassurant dans ce livre, et c’est très bien ainsi car en effet la situation n’est en rien positive. Le dernier chapitre cherche des pistes, quête hautement difficile et improbable, ce que l’auteur ne cache nullement. Nous en serons bien d’accord avec lui.

 Olivier Tesquet, À la trace. Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance. Premier parallèle, 2020, 256 p., 18 €.

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