Médecin légiste, paléopathologiste, historien, le docteur Charlier s’est fait connaître par des études, passionnantes même si leurs sujets peuvent troubler les âmes sensibles, d’histoire médicale. Il change ici de partie, rappelant qu’il est aussi ethnologue, pour s’intéresser à un phénomène longtemps regardé comme relevant de la superstition la plus primitive : la zombification.

La chose existe, même si elle demeure mal connue et mal expliquée. Du mélange de cultures né du métissage entre Indiens Caraïbes, esclaves africains et colons blancs, a jailli en Haïti et ailleurs dans l’arc antillais et en Amérique du Sud, une religion déviante, amalgame de catholicisme inassimilé et de croyances animistes, en général connue sous le nom de vaudou. L’une des pratiques secrètes et redoutées de ce culte est la fabrication de zombis. Car les zombis existent. Certes, ce ne sont pas des défunts relevés de la tombe par sortilèges, mais des personnes à tort déclarées décédées après un empoisonnement les ayant plongées dans un état de mort apparente, puis enlevées de leur tombe provisoire pour être transformés en esclaves sans mémoire ni conscience, sans passé, sans présent, sans avenir.

La pratique, se substituant à une justice défaillante, prétend châtier uniquement des coupables. Cela reste à prouver … Le docteur Charlier, initié dans les temples animistes d’Abomey au vaudou, ne cache pas son intérêt et sa sympathie pour ce culte qu’il défend contre les accusations de satanisme.

On restera donc sur sa faim, parce que, en dépit de pages solidement fondées sur le plan ethnographique, scientifique, pharmaceutique, le docteur Charlier ne va pas, discrétion d’initié oblige, au bout de ses conclusions …

Zombis, enquête sur les morts-vivants, de Philippe Charlier, Tallandier, 220 p., 19,90 €.