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Les Yeux sans visage

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Les Yeux sans visage

Si les Français inventèrent le cinéma, un certain 28 novembre 1895, ce sont surtout les Américains qui lui donnèrent ses lettres de noblesse. Pourtant, ils n’eurent « seulement » qu’à s’inspirer librement de ce que le génie français, inépuisable dans ses sources et incomparable dans sa richesse, avait à leur offrir. Il est vrai que de ce côté-ci de l’Atlantique, il a toujours manqué à nos créateurs, sinon l’audace, tout du moins un goût suffisamment prononcé pour le faste et la démesure. Reconnaissons, toutefois, quelques notables exceptions comme Georges Méliès, Abel Gance, Marcel Carné ou Jean Renoir. Dans un genre propre aux Américains, aux Anglais ou aux Italiens, celui du fantastique, la France n’a cependant guère à rougir, si l’on en juge par l’abondante production de ces seules dix dernières années.
Bien que réalisé en 1959, Les Yeux sans visage, tiré d’un roman de Jean Redon – et adapté par Pierre Boileau, Pierre Gascar, Thomas Narcejac et Claude Sautet (lequel sera premier assistant réalisateur sur le film) –, reste, pour les amateurs du genre, une œuvre quasi prototypique. Réalisé par Georges Franju, le film relate les tentatives désespérées d’un chirurgien pour reconstruire le visage de sa fille, défigurée à la suite d’un accident de voiture dont il est responsable. Aidé par Alida Valli qui lui voue une reconnaissance énamourée pour avoir bénéficié du savoir-faire du médecin, ce dernier, sorte de Docteur Frankenstein à la française, superbement interprété par Pierre Brasseur, s’enfonce, progressivement, dans une obsession maladive et criminelle. Rongé par la culpabilité, son orgueil démiurgique finit par le rendre froid et calculateur au point d’annihiler tout sens de la mesure et de l’empathie. Sa fille, la fantomatique et mélancolique Edith Scob – égérie de Franju puisqu’elle jouera dans pas moins de six de ses films dont les excellents La Tête contre les murs et Thérèse Desqueyroux –, est littéralement captive, sous l’emprise de ce père malsain qui en fait le jouet de ses expériences ratées et sous la surveillance étouffante et faussement bienveillante d’Alida Valli qui passe le plus clair de son temps à rechercher des jeunes filles belles et ingénues devant servir les abominables ambitions de son bienfaiteur.
Italienne d’ascendance autrichienne, Alida Valli aura une carrière cinématographique internationale, ayant tourné en Italie (Manon Lescaut de Carmine Gallone, 1940), aux États-Unis (Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock, 1947) ou en Grande-Bretagne (Le Troisième Homme de Carol Reed, 1948). Au moment du tournage du film, Pierre Brasseur a déjà une carrière ancienne (son premier rôle date de 1925 dans La Fille de l’eau de Jean Renoir) et prestigieuse (Le Quai des brumes et Les Enfants du paradis de Marcel Carné en 1938 et 1945, Napoléon de Sacha Guitry en 1954, Les Grandes familles de Denys de La Patellière en 1958), au cinéma comme au théâtre. Dans Les Yeux sans visage, son fils, Claude, interprète un jeune inspecteur de police aussi sympathique que peu perspicace. À l’origine de la célèbre Cinémathèque, aux côtés de Jean Mitry, en 1936, Georges Franju vient, quant à lui, du film documentaire. Jean-Pierre Mocky, qui fut son ami et assistant, dira de lui qu’« il n’était pas loin d’une certaine folie, à cause de son éthylisme et d’une vie sentimentale assez détraquée ». Il fut surtout un talentueux montreur d’images, l’esthétisme de ses films rivalisant avec une gracieuse écriture poétique – le rapprochant, par exemple, d’un Jean Cocteau. En 1963, il tourne Judex, hommage passionné à Fantomas, justicier masqué créé par Pierre Souvestre et Marcel Allain – et adapté au cinéma par Louis Feuillade entre 1913 et 1914 –, qui désavouera les versions d’André Hunebelle avec Jean Marais et Louis de Funès.
Franju possédait une véritable fibre fantastique. Servi par l’entêtante musique de Maurice Jarre – dont la partition mémorable n’est pas sans rappeler celle de Bernard Herrmann dans Psychose –, Les Yeux sans visage, qui inspirera, notamment John Carpenter et Pedro Almodovar, constitue presque un film-manifeste pour le genre en France. Franju, lui-même, en avait théorisé les codes : « Le fantastique est dans la forme. L’insolite dans la situation. L’angoisse dans l’inconnu. Le fantastique se crée. L’insolite se révèle. L’angoisse se ressent. » Autant dire que Franju était un maître dont le film est aujourd’hui reconnu comme culte.

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