Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

Les méchants et les crétins

Les gens sont méchants. Et il y a des gens très méchants, comme Attila, Staline, Pol Pot et Boudarel.

Facebook Twitter Email Imprimer

Les méchants et les crétins

Julien Hervieux en dresse l’inventaire, incomplet et partial, hilarant et didactique. Il est bon que Boudarel, le traître, soit moqué avec une juste férocité et qu’on entasse en face de sa figure tous les cadavres français dont il est comptable, et tous les intellectuels de gauche qui le défendirent. En quatre pages exactes, le voilà expédié, et ceux qui le découvriront ne pourront que s’étonner de la grande faveur dont il a joui. Hervieux, ainsi, raconte les méchants mais surtout raconte comment on s’en souvient, quelles légendes naissent (« Pablo Escobar a construit des hôpitaux »). Avec un mauvais goût assumé, il étale le sordide, comme Staline étalé dans son pipi, parce que le sordide doit être dit afin qu’on n’exalte pas les méchants. Il est très bien aidé dans sa tâche par Monsieur le chien dont les dessins sont un modèle « d’humour glacé et sophistiqué », comme disait Gotlib pour parler de ses audaces. La comtesse Báthory, baignant dans le sang comme une égérie kardashienne, explique « Parce que je le vaux bien », slogan de L’Oréal, et on sent à quel point ce dictionnaire historique vise en fait, à travers l’humour, à rectifier certaines perspectives, à dénoncer certaines “valeurs”, y compris les plus sacrées, comme le consentement à l’impôt (Al Capone) ou la repentance à sens unique, avec l’histoire de Ghézo, roi du Dahomey, grand esclavagiste devant l’Éternel en plein XIXe siècle, acharné à maintenir l’esclavage (son fils tentera de relancer les sacrifices humains), ou celle de Saïd Mohammedi, Algérien SS qui deviendra ministre après l’indépendance. Ou même le féminisme, avec Mata Hari traitée assez allègrement comme une courge complète, Messaline, « femme libérée », ou Yoshiko (« Mulan, en moins sympa »), queer avant l’heure, peut-être, mais très certainement traître et voleuse. Un vrai jeu de massacre.

 

Julien Hervieux, Monsieur le chien, le dictionnaire jubilatoire des méchants de l’histoire. Harper Collins, 2024, 256 p., 16,90 €.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés