Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
De Boris Vian (1940-1959). Mise en scène de Claudine Russo-Pelosi, Avec Ethan Oliel, Claudine Russo-Pelossi, Lou Tilly, …
L’Écume des jours, plus qu’un bouleversant roman d’amour, est une fenêtre ouverte sur le fantastique et d’aucuns seront heureux de se replonger dans ce classique qui ne ressemble à aucun autre.
Colin, homme aisé et raffiné, cherche l’amour qu’il trouvera en la personne de Chloé, mais leur mariage, promesse de bonheur, tournera vite au drame. Dès la sortie de l’église, Chloé « tousse comme une étoffe de soie qui se déchire ». Le professeur Mangemanche diagnostique la présence d’un nénuphar dans le poumon et recommande que la malade soit entourée de fleurs pour arrêter la progression du mal. Colin, qui, jusque-là, vivait de sa fortune doit désormais travailler pour payer les fleurs de plus en plus chères dont Chloé a besoin pour survivre. La mise en scène de Claudine Russo-Pelosi traduit magnifiquement l’enchantement des mots, des sentiments et des situations. Les personnages de Chloé, Colin, Chick, Alise, Nicolas et Isis, sous l’œil de l’auteur, assis derrière son bureau dans un coin de la scène, nous entraînent dans leur joviale oisiveté où le jazz omniprésent est associé à leur ivresse. Mais, candidats au bonheur, Colin et Chloé au printemps de leur vie, envahis peu à peu par cette « écume » éphémère, bientôt dissoute, sont condamnés au malheur. L’Écume des jours est une métaphore dont l’interprétation reste libre : perte de l’innocence, fragilité des âmes face à l’hostilité générale ? Urgence de vivre et de faire quand on sait que Boris Vian avait prédit mourir avant quarante ans ? Ce spectacle aux multiples tiroirs, en tous points réussi, offre une partition puissante aux comédiens qui portent avec maestria la force émotionnelle du texte, un mariage entre surréalisme et humour avec pour témoin la poésie.
Photo theatre 2 © Les Joues rouges