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Le grand Mourzouk, un petit chef-d’œuvre

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Sous ce titre bizarre se dissimule un petit chef-d’œuvre de finesse et de drôlerie, infiniment plus profond qu’il y semble ; en un mot, l’un de ces livres rares dont Ghislain de Diesbach a le secret.

Paru en 1969, ce roman, depuis des décennies introuvable, possédait ses inconditionnels qui vous en entretenaient avec des mines de conspirateur, vous le prêtaient parfois, à condition de ne pas vous perdre de vue tandis que vous lisiez … Ils n’avaient pas tort de se méfier : la tentation était grande de s’approprier ce texte provocateur, ciselé, à la virgule près, pour déplaire et destiné à quelques esprits assez libres pour ne pas s’indigner des propos délicieusement iconoclastes de l’auteur. Jugez-en !

De Gaulle mort, la Ve République, victime de sa politique sociale et de l’immigration galopante, a sombré dans le chaos, et failli entraîner la France à sa perte. L’homme providentiel a surgi à temps : Mourzouk, dit « le grand Mourzouk » en raison de sa belle prestance, sous-officier de la Légion, né en Algérie des amours d’un soldat de passage et d’une prostituée maghrébine, s’est emparé du pouvoir après avoir écrasé la menace musulmane lors de la glorieuse bataille de la Plaine Saint-Denis …

Puis, proclamé Prince Régent, il a instauré un régime digne du grand-duché de Gerolstein, délirant pastiche du Second Empire. Revenue cent cinquante ans en arrière, la France, où l’on a supprimé les usines, facteurs de désordres sociaux, et les automobiles, afin de laisser la cavalerie parader, se porte très bien, si l’on ne s’attarde pas aux revendications des divers syndicats de la noblesse … Le jeune Friedrich Von Schmerlau, désireux de découvrir Paris qui plut tant à son père, jadis, en d’autres circonstances, ira de surprise en surprise.

Ghislain de Diesbach, possédant un talent particulier pour se mettre tout le monde à dos, n’épargnait personne, de sorte que, des royalistes à l’extrême gauche, des catholiques pratiquants aux libres-penseurs militants, chacun se sentit atteint dans ses convictions et lui en voulut. Le Grand Mourzouk disparut des librairies …

Sa réédition se heurtera aux mêmes réactions épidermiques. À tort ! Car, sous la parodie, le rire grinçant, quelle étonnante prescience, féroce et désabusée, de ce qui nous attendait …

Ghislain de Diesbach : Le grand Mourzouk
Via Romana ; 227 p ; 20 €.

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