Notre ami René Irolla, pied-noir retiré en Corse depuis l’indépendance de l’Algérie, témoigne sur ses vieux jours de ce que fut réellement l’Algérie française. Il publie un échange de lettres avec son frère aîné qui, lui, prit le parti opposé.
Et cette correspondance qui s’étend sur une année de 2016 à 2017 récapitule en quelque sorte toutes les discussions qui à la fois lient et séparent les deux frères sur tous les sujets qu’ils abordent : les événements d’Algérie, l’histoire même de l’Algérie et, par-delà, l’histoire de France, De Gaulle, Pétain, la République, la monarchie, les Rois : tout. L’auteur fut professeur d’histoire et il connaît son histoire parfaitement.
Et cette correspondance, interrompue par la mort de son frère, est suivie d’un exposé simple et méthodique de toutes les graves conséquences, y compris maintenant existentielles, que l’abandon de l’Algérie française a entraînées et entraînent encore aujourd’hui pour la France et les Français. Certains commencent, peut-être, à se rendre compte de leur gravité, mais malheureusement sous un mauvais jour et sans avoir l’éclairage de l’explication historique et surtout politique.
Ce livre est rempli de souvenirs émouvants, certains terriblement émouvants : oui, il y avait, au-delà des communautés existantes, une communauté de vie dans l’Algérie française qui a été systématiquement détruite par la cruauté du FLN et la sottise non moins cruelle de la République, incapable de résoudre un tel problème, sinon par le bradage qui s’acheva en massacres épouvantables, dont ceux des harkis, le crime des crimes. Et, pourtant, d’autres solutions humaines, politiques, étaient possibles. Le prix à payer pour l’Algérie est effroyable : elle ne s’en relève pas. Eh bien, la France pareillement… Et ce n’est pas fini. Ah, si les Français savaient…
René Irolla, La mort de l’Algérie française a-t-elle sonné le glas pour la France ? Les Éditions du Panthéon ; 264 p. ; 23,60€