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La duchesse de Vaneuse, un roman précieux

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À quarante-quatre ans, veuve d’un homme qu’elle n’a jamais tenté d’aimer ni de comprendre, maîtresse lassée d’un amant épisodique qui l’ennuie à mourir, la belle duchesse de Vaneuse, fille des Lumières et amie des philosophes, s’est depuis longtemps enfermée dans une solitude sentimentale dont elle se prétend heureuse. D’ailleurs, ne s’est-elle pas persuadée d’être vieille ?

Aussi, quand au printemps 1765, lord Reginald Burnett, qui pourrait être son fils ou peu s’en faut, lui déclare, avec le manque de manières propre aux Anglais, qu’il s’est éperdument épris d’elle et n’en aimera jamais une autre, Mme de Vaneuse, épouvantée de la passion imprévue qu’elle sent soudain brûler en elle, plus encore d’une possible déception, va mettre tout son esprit, toute son intelligence, tous ses talents, à détourner d’elle le jeune homme. Funeste programme.

Gustave Amiot, agrégé de Lettres, spécialiste de la littérature du XVIIIe siècle, auteur de romans psychologiques, dut beaucoup s’amuser en écrivant ce pastiche, réussi, d’un roman épistolaire à la manière de La Nouvelle Héloïse. Peut-être parce qu’il s’agissait seulement pour lui d’un brillant exercice de style auquel il n’attachait nulle importance, Amiot ne publia pas le livre, édité à titre posthume quarante ans après sa mort.

Dans la déliquescence actuelle de la littérature française, ce texte bref, qui n’était en son temps qu’un savant « à la manière de », s’est mué en petit bijou ciselé et élégant, écrit dans une langue parfaite et, même si l’on peine à croire que la duchesse de Vaneuse, cette cérébrale, puisse, telle une cousette, se laisser mourir d’amour pour un jeune benêt d’Outre-Manche, l’on se laisse prendre aux contradictions intimes de cette femme malheureuse qui, à l’instar de tant de ses contemporains, et des nôtres, se montre incapable d’aimer.

Gustave Amiot, La duchesse de Vaneuse, Phébus Libretto, 106 p, 6,70 €.

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