Recevez la lettre mensuelle de Politique Magazine

Fermer
Facebook Twitter Youtube

Article consultable sur https://politiquemagazine.fr

Intelligences aplaties

Bruno Le Maire offre le spectacle constant d’une intelligence qui tourne à vide et n’arrive jamais à saisir le réel sur lequel elle veut agir.

Facebook Twitter Email Imprimer

Intelligences aplaties

C’est que notre ministre est le pur produit d’un système qui ne prise que les « intelligences horizontales », selon le mot de Thomas Viain, intelligences qui confondent complexité et profondeur, considère qu’aucun sujet n’est trop difficile et, au final, sont si coupées de l’expérience, si entichées de technique, qu’elles glissent à la surface de la réalité, avec les catastrophiques conséquences qu’on connaît. Quel système scolaire et universitaire forme-t-il ces gens polyvalents mais sans relief ? Tout le mérite de cet essai, écrit par un énarque qui fut d’abord agrégé de philosophie, est de montrer que “l’élite” ne peut plus comprendre parce qu’elle n’acquière plus la hauteur de vue nécessaire grâce à une éducation qui pratique ce que l’auteur appelle l’enchâssement des savoirs, c’est-à-dire qui subordonne l’acquisition des connaissances aux fins sociales : on éduque pour servir son pays, son Roi, sa foi, on apprend un métier pour accomplir son devoir de sujet, de citoyen, de chrétien. Sans transcendance, les savoirs se juxtaposent et, plutôt que de chercher un intérêt général qui renvoie à une anthropologie et à une métaphysique, les horizontaux administrateurs de l’État chercheront des recettes managériales pour résoudre des problèmes successifs. La thèse est convaincante, étayée et, curieusement, revigorante : éduquons autrement, nous serons mieux gouvernés.

 

Thomas Viain, La sélection des intelligences. Pourquoi notre système produit des élites sans vision. L’Artilleur, 2024, 176 p., 18 €.

Facebook Twitter Email Imprimer

Abonnez-vous Abonnement Faire un don

Articles liés

Civilisation

Et toi ?

Et toi ?

Par Richard de Seze

Ribera fut le disciple espagnol du Caravage et œuvra en Italie, à Rome puis à Naples, au XVIIe siècle. Doué, rapide, célèbre, prolifique, tombé en France dans un relatif oubli après avoir été “redécouvert” et célébré au XIXe (et redécouvert encore une fois en 2002, avec la réattribution des œuvres de sa période romaine), il est aujourd’hui célébré à Paris par une exposition exceptionnelle – par les œuvres qu’elle réunit et par l’intelligence de leur déploiement – qui récapitule toute sa carrière.

Civilisation

En pleine littérature

En pleine littérature

Par Michel Bouvier

Ou en pleine déconfiture ? Il est vrai que la littérature se porte mal, mais plutôt moins mal que l’homme, qui la produit, lequel chemine inéluctablement en étourdi vers la mort. La saison est mauvaise. Mais c’est justement dans ce sale temps-là que vient Noël, avec son étoile, et ses lumignons, avec son Enfançon royal, reçu dans une mangeoire comme une nourriture attendue. Fermons les volets, allumons le feu, et fêtons ces mystères, dont celui de l’écriture, de toutes ces écritures qui sont les petits de l’Écriture Sainte. « Laissez venir à moi les petits enfants. » Qu’ils viennent donc, les petits écrivains, qu’ils sortent de leurs boîtes de papier, qu’ils entonnent leurs chants de gloire.

Civilisation

La déspiritualisation du Verbe ou la littérature comme astre mort

La déspiritualisation du Verbe ou la littérature comme astre mort

Par Louis Soubiale

Excepté le petit monde consanguin de la germanopratinité littéraire parisienne, nul ou presque ne peut ignorer le blog Stalker (sous-titré éloquemment « Dissection du cadavre de la littérature ») fondé et animé par Juan Asensio, critique atrabilaire bernanosien (il tient Monsieur Ouine, qu’il a lu maintes fois, pour son livre de chevet) faisant pleuvoir ses méphistophéliques philippiques bloyennes sur les écrivassiers contemporains ayant la fatuité de concevoir leur incontinente production excrémentielle annuelle comme de la littérature.