Civilisation

Un écrivain maudit au Japon
Après nous avoir donné le splendide Grandeur et décadence des Caligny, Muriel de Rengervé nous emmène ce coup-ci au Japon. Mais il y a très peu d’exotisme, nous ne sommes pas chez Loti.
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Ce livre est bien un roman, même si tout y est vrai. Il est salutaire, car il remet en lumière des faits historiques peu connus ou oubliés : l’imbroglio judiciaire autour de la traduction française du manifeste d’Adolf Hitler, Mon combat, dans la France de 1934.
On le sait peu mais le chancelier du Reich en personne s’opposait alors à l’édition française de son unique livre. Il prétendait que c’était inutile, voire néfaste, et n’œuvrait pas à l’amitié franco-allemande (de façade, on le sait maintenant) du mitan des années 1930. Quelques personnages influents, en France, ne l’entendaient pas de cette oreille et flairaient le double discours. Ils étaient persuadés que l’Allemagne hitlérienne n’était pas aussi bienveillante qu’Hitler voulait bien l’assurer et que son livre était le programme des événements qui n’allaient pas tarder à secouer le monde. Ces personnages, tous réels et dont les actions sont documentées, provenaient de milieux totalement différents : royalistes de l’Action Française, amis de Maurras, généraux vétérans de la Grande guerre, antisémites notoires, ou encore juifs réunis sous la bannière de la LICA (ancêtre, si l’on peut dire, de la LICRA – en 1932, le nom devint Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme mais le sigle LICA fut conservé. Le sigle LICRA ne sera adopté qu’en 1979), résolus à mettre en lumière le sort de leurs « frères » en Allemagne, et même un ténor du barreau pétri d’idéalisme. Tous ces personnages œuvrent, dans le roman de Cobert, à la diffusion de la pensée hitlérienne, pour éveiller les consciences
Les Juifs français ne sont pas dupes ; les antisémites réunis sous différentes bannières redoutent une nouvelle guerre et veulent démasquer Hitler ; les idéalistes souhaitent que la France connaisse tout des plans du Chancelier allemand. Un premier livre citant abondamment le fameux livre, non encore traduit en France, provoque l’ire de l’Allemagne. Hitler demande lui-même à la France de l’interdire, de le désavouer. Les autorités françaises ne savent comment réagir.
Devant l’entreprise illégale de la traduction et de la diffusion de Mon combat en France, les autorités auront la même réaction : que faire ? Ce sont ces épisodes et les complications judiciaires autour de cette entreprise qui sont contées dans le roman de Harold Cobert. Simple, mais efficace, le livre se lit comme un roman policier ou d’espionnage. Il est d’utilité publique. Pour ne pas oublier.