VIIème siècle, occupation des lieux saints
Le 22 décembre 609, le prophète Mohammad, se retire dans la caverne de Hira pour méditer. En cet endroit, situé non loin de la Mecque, l’ange Gabriel apparait et lui dicte les premières paroles du Coran. Par la suite, menacé par des tribus païennes, il se réfugie à Médine. Ses compagnons s’organisent et grâce à leur aide, la nouvelle religion révélée s’étend sur toute la péninsule arabique jusqu’à sa mort, en 632. Par la suite, le mouvement se militarise à Médine et prend de l’expansion.
NB : Dans les lignes qui suivent l’appellation géographique des états modernes ne sont là que pour éclairer le lecteur sachant que les frontières sont aléatoires et ne correspondent pas exactement aux territoires conquis par les musulmans à cette époque.
De 632 à 656, les quatre premiers califes, débutent l’ère des conquêtes vers l’est et le nord en occupant le Royaume de Jérusalem, et les territoires qui correspondent aux actuels états du Liban, de Syrie, d’Irak, Iran, et Turkménistan. Vers l’ouest, ils annexent l’Egypte et la côte libyenne.
De 661 à 750, la dynastie des Umayyades continuent leur avancée vers l’est. Leurs troupes occupent l’actuel Afghanistan, et poussent plus au nord jusqu’à Samarkand.
Vers l’ouest, ils s’emparent des pays berbères : Tunisie, Algérie, Maroc jusqu’à Fez.
En 711, les Maures conduit par Târiq passent le détroit de Gibraltar, envahissent l’Espagne. Poursuivant leur montée vers le nord ils ne seront arrêtés qu’en 732, dans la région de Poitiers par Charles Martel.
Par la suite Abd Al Rahmân, crée en 756, l’Emirat de Cordoue qui étendit son autorité sur toute l’Espagne musulmane jusqu’à sa reconquête par Ferdinand III en 1 236.
Ces conquêtes se traduisent en premier lieu par des occupations de territoires puis par une colonisation des hommes.
Les habitants refusant de se convertir à l’Islam, sont autorisés à pratiquer leur culte. Toutefois, ils sont soumis au statut de dhimmī, c’est-à-dire assujetti à l’impôt et avec des droits limités.
A Jérusalem en 691, le Sultan omeyyade Abd al-Malik la déclare la cité ville sainte (Al-Quds) après La Mecque, Médine et Damas. Il construit sur l’emplacement du Temple la Mosquée d’Omar ou Dôme du Rocher. Si l’architecture s’inspire des basiliques byzantines, les citations coraniques inscrites sont des manifestations de la suprématie de l’Islam, sur le Judaïsme et le Christianisme. Le tracé en cercle, flanqué de deux octogones, symbolise le centre du Monde avec aux pourtours les continents et océans.
705-715 Al-Walid, 6ème Calife, fait construire la mosquée d’Al-Aqsa. Elle est érigée au-dessus de l’ancien Temple de Jérusalem. Il ne reste du lieu sacré judaïque qu’un soubassement du mur occidental, dit le Mur des Lamentations. (Longueur 58 mètres, hauteur 20 mètres, 25 rangées de pierres et 20 mètres enfouies sous terre.)
Pour la Palestine et Jérusalem, la venue des pèlerins chrétiens étrangers, provenant notamment d’Europe était tolérée. En échange, sous forme d’octroi, il devait verser de l’argent. Cette « dîme » servait aussi, à assurer leur protection et les défendre contre les pillards.
En 717, un pacte avait été établi par le calife Umar ben Abd al-Aziz (682-720). Bien que sévère à l’encontre des dhimmīs, il garantissait toutefois la sécurité des monothéistes non-musulmans, les « Gens du Livre ». Les pèlerinages étaient autorisés bien que hasardeux et on ne note pas de dégradations importantes de lieux saint.
La Dynastie des Omeyyades jusqu’en 750 respecta cette politique de tolérance et du côté Israélite, le Sanhédrin eut l’autorisation de recommencer à se réunir.
CHARLEMAGNE ET HÂROUN AL-RACHID.
Charlemagne, (sacré roi le 9 octobre 768, couronné Empereur le 25 décembre 800) œuvre à un rapprochement avec le Calife abbasside Hâroun al-Rachid. Celui-ci avait les mêmes ennemis que l’Empereur; en Occident, l’Emir Umayyade de Cordoue et en Orient, le César Byzantin. Alerté par des pèlerins qui revenaient de Jérusalem, et lui faisaient part de mauvais traitements subis en terre musulmane, l’Empereur entreprend une correspondance avec le Calife. Ce dernier lui déclare dans une de ses lettres : » Je préfère votre amitié à celle de tous les autres souverains. »
En 797, le calife reçoit les émissaires que l’Empereur lui avait envoyés. L’ambassade est composée de deux dignitaires, Sigismond et Lantfrid, probablement des comtes palatins, mais aussi accueille le juif Isaac qui fait office de traducteur.
En juillet 802, Isaac, de retour, se présente à Aix-La Chapelle. (Sigismond et Lantfrid étant décédés au cours du voyage). Il remet à Charlemagne de nombreux présents dont un éléphant blanc, nommé Aboul-Abbas. Cet animal, alors inconnu dans nos contrées, prit place dans la ménagerie du Palais. Plus encore, le Calife, garantit la sécurité des chrétiens de ses Etats, et ajoute un magnifique cadeau :
« Le don du lieu du Saint-Sépulcre à l’Empire chrétien. »
En 807, Haroun envoie une ambassade composée d’un de ses envoyés, Abdallah, et deux représentants du Patriarche Thomas de Jérusalem, le moine Félix et l’Abbé Georges du Mont des Oliviers.
Ils se rendent à Aix et apportent des cadeaux somptueux :
» Un pavillon et des tentures de lin, teintes de diverses couleurs d’une grandeur et d’une beauté admirable, des étoffes, des aromates, des parfums, du baume, de superbes candélabres d’airain et une horloge hydraulique en bronze doré sonnant les heures où l’on voyait, entre autres merveilles, douze cavaliers sortir à midi par douze fenêtres qui se fermaient aussitôt derrière eux. » (Eginhard).
Note : Eginhard (770-840). Homme d’Etat et chroniqueur. Chargé de la construction de la cathédrale et du Palais d’Aix-La-Chapelle. Contemporain et familier de Charlemagne, il est resté célèbre pour avoir écrit la vie de l’Empereur, Vita Caroli Magni.
Les accords passés entre les deux monarques, restent pérennes après leur mort respective.
AL-HÂKIM
En 996, Al-Hâkim succède à son père Nizar al-`Azîz bi-llah comme calife et imâm fatimide.
Fils ou petit-fils d’une mère chrétienne, deux de ses oncles, Arsenius et Oreste, sont patriarches melkites, l’un d’Alexandrie, l’autre de Jérusalem.
Le nouveau Calife fonde la «Maison du Savoir», dotée d’une bibliothèque où l’astronomie et la philosophie étaient enseignées ainsi que la connaissance des hadiths et du Coran. L’enseignement portait sur des doctrines ismaéliennes. Il construisit aussi une mosquée célèbre au Caire qui porte son nom.
Dans le même temps Al-Hâkim radicalise le pacte d’Umar. La persécution à l’encontre des non-musulmans, c’est-à-dire juifs et chrétiens de Palestine s’accentue terriblement : confiscation des biens des églises, destruction des sites religieux chrétiens et d’origine hébraïque, expropriations, imposition des obligations vestimentaires et nombreuses violences.
En 1009, Al-Hâkim rase l’église du Saint-Sépulcre à Jérusalem !
Son Califat s’étendant sur l’ensemble de l’Egypte, les chrétiens qui y résident, surpris à parler le Copte, ont la langue coupée ! Cette langue issue de l’égyptien pharaonique mêlé de grec, était la preuve d’une identité antérieure au message et à la traduction linguistique du Coran.
D’où la nécessité de l’éradiquer !
En 1021, après 25 ans de règne absolutiste, Al-Hâkim disparaît au cours d’une promenade dans les collines d’al-Muqattam. Sa sœur, Sitt al-Mulk, aurait commandité son assassinat.
Les derniers proches du Calife sont à l’origine de la religion Druze.
Par la suite la situation des chrétiens en Palestine s’améliore. En 1048, soit plus d’une génération plus tard, l’empereur byzantin Constantin IX peut faire reconstruire partiellement le Saint-Sépulcre.
Mais en 1078 les Turcs seldjoukides chassent les fatimides qui étaient installés à Jérusalem depuis 970. Cela a donné lieu à un massacre de la totalité de la population de la ville et à la soumission des chrétiens réduits à un statut proche de l’esclavage. Le Saint Sépulcre est à nouveau détruit. L’’interdiction aux pèlerins chrétiens de pénétrer dans la ville Sainte est décrétée !
Ainsi à la fin du XIe siècle, l’empereur Alexis Ier Comnène, chef des chrétiens d’Orient menacé par l’invasion des Turcs Seldjoukides, supplie Rome de venir à son secours.
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Essai de Conclusion
Six siècles de civilisation judéo-chrétienne avec des hommes libres.
Quatre cent soixante ans de domination musulmane, qui, à l’exception de la parenthèse du règne d’Hâroun al-Rachid, se traduit par une perte de liberté pour les chrétiens autochtones, de grandes difficultés pour pratiquer leur culte, parfois des persécutions violentes à leur encontre, et de fortes pressions pour empêcher les croyants de l’étranger de pouvoir venir se recueillir devant le tombeau du Christ.
Comment ne pas comprendre alors et légitimer l’appel du Pape Urbain II, lors du concile de Clermont, (novembre 1095), pour lancer la Première Croisade qui débuta en 1096 et s’acheva le 13 janvier 1099 par la Libération de Jérusalem et la sauvegarde des chrétiens persécutés ! Mission qu’il confia à Adhémar de Monteil, évêque du Puy-en-Velay.
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« Il se passe en Terre Sainte des évènements tragiques : les païens occupent nos sanctuaires, les dégradent et les souillent, maltraitent et pillent nos pèlerins. Sans une intervention armée nous serons contraints de renoncer à la Terre où le Christ a souffert et où il est mort, ce qu’aucun Chrétien digne de ce nom ne peut accepter. C’est pourquoi je songe à faire le sacrifice de ma vie misérable pour prendre l’épée et la Croix. »
« Le Pape Urbain avait lancé l’idée d’un pèlerinage armé, non d’une expédition guerrière ! Mais comment faire entendre la voix de la raison et de la vraie foi, celle des Évangiles, à ces forcenés animés plus par la haine que par la ferveur ? »
Le Roman des Croisades – La Croix et le Royaume – Michel Peyramaure – Editions France Loisirs – Mai 2002
Phrases inventées par un romancier mais terriblement prémonitoires.
NB : le roman a été inspiré par la parution en 1934-1936 (Edition Plon), de L’Histoire des Croisades en trois volumes de René Grousset, Orientaliste et membre de l’Académie Française.
Autres Sources :
• Jean Richard, Histoire des croisades, Fayard, 1996
• La Gueniza du Caire, dépôt d’environ 200 000 manuscrits juifs datant de 870 à 1880.
(Textes écrits en hébreu, arabe et araméen sur vélin, papier, tissu ou papyrus)
• Jo Gérard Charlemagne un fameux gaillard Collection Histoire Vérité Edition Dargaud
Edition Gamma, Tournay. 15 juillet 1967
• Georges Bordonove Les Rois qui ont fait la France, Charlemagne. Editions Pygmalion, Mai 1989
• Encyclopédie Larousse.