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Gai ! Gai ! Divorçons

Il y a une bonne soixantaine d’années, il y avait très peu de divorces. D’abord, la législation était sévère et compliquée. Il fallait s’assurer les services d’huissiers et de détectives privés. Et puis, c’était mal vu. Quand passait un des rares divorcés ou divorcées, s’établissait un silence d’une réprobation violente, les regards se baissaient, puis suivaient lourdement le pestiféré dès qu’il avait tourné le dos ; il subissait un sort à peu près égal à celui du fils du suicidé ou de l’assassin. Bref, les couples tenaient.

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Gai ! Gai !  Divorçons

Certes, quelquefois, leurs enfants assistaient à des scènes déplorables où volaient des injures, des claques et des rouleaux à pâtisserie, mais à la longue, comme on ne pouvait pas se quitter, on arrivait à un modus vivendi, une communauté d’intérêts, une complicité qui s’achevaient souvent en une sorte d’amitié tendre qui n’excluait pas les larmes sincères quand l’un d’eux mourait. Les enfants ne connaissaient que deux parents et une seule maison. Leur vie était bien morne.

Aujourd’hui, le divorce pullule. Il est devenu d’une grande facilité. Hier déjà, trois minutes devant un juge suffisaient. Mais le lendemain d’hier qui est aujourd’hui, même plus un avocat et le tour est joué. Si l’un des deux récalcitre, s’obstine dans sa volonté de conjuguer interminablement avec l’autre, aussitôt parents, amis, voisins, tout le monde lui fait honte d’être aussi collant et d’attenter à la liberté d’autrui et il finit par céder. Du coup, les enfants ont deux maisons, vont chez l’un puis chez l’autre, utilisent fréquemment divers moyens de transport et se croient toujours en villégiature. Ils n’ont plus seulement un père et une mère, mais des tas de beaux-pères et de belles-mères. L’autorité, l’affection se diluent. Du coup, ces enfants-là se sentent plus libres, perdent des repères toujours ennuyeux à considérer, peuvent exercer des chantages affectifs et financiers, qui aiguisent l’esprit, tant il faut de malice pour les exercer. Outre beaux-pères et belles-mères, ils ont des tas de demi-frères et de demi-sœurs. Adieu, la solitude. Cela crée de l’émulation, de la rivalité, parfois de la jalousie, des problèmes comportementaux, de l’anorexie, de la boulimie, du bonheur pour les psychiatres. Bref, y a de la vie.

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