Civilisation
De nouveaux types de dictature qui attestent le retour de la prévalence de la Realpolitik
Le caractère révolu des dictatures fascistes et communistes.
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Fraternités se présentait à l’origine comme une histoire romancée mais sérieuse de la franc-maçonnerie en bande dessinée, usant de personnages de fiction afin de démythifier les fils de la Veuve. Le premier tome, L’ordre guillotiné, s’il s’appuyait sur une théorie pour le moins audacieuse, interprétant la Révolution comme un mouvement anti-maçonnique, ne manquait pas d’intérêt, tant en raison de la qualité du graphisme que de l’intrigue et d’un personnage sympathique, Gaston Baudrecourt, directeur de l’hebdomadaire Fraternités, idéaliste attachant. L’on attendait donc la suite avec une certaine curiosité.
Faut-il le dire ? Il y a de quoi être déçu. Ce second épisode fait un saut de onze ans dans le temps et débute à la veille du sacre de Napoléon. Baudrecourt, revenu de ses illusions, est désormais un homme âgé et malade, obligé de céder son journal à son fils cadet, René, lequel n’a pas, de la maçonnerie, la haute idée que s’en faisait son père. Pour lui, les loges sont un moyen de s’élever dans les allées du pouvoir, opération facilitée par la volonté de l’empereur de prendre le contrôle de la franc-maçonnerie afin de l’utiliser. Manipulé par Fouché, compromis dans une ténébreuse affaire montée de toutes pièces, René renoncera-t-il aux idéaux familiaux ?
En fait, le lecteur n’a guère envie de le savoir tant les personnages, dans ce second opus, deviennent antipathiques. Le changement de dessinateur fait de surcroît perdre l’essentiel de son charme à l’album dont il ne reste, au final, qu’une apologie discrète du « suicide assisté » …
Jean-Christophe Camus et Bernardo Muñoz : Fraternités, tome 2, L’ordre manipulé, Delcourt ; 65 p