Civilisation
De nouveaux types de dictature qui attestent le retour de la prévalence de la Realpolitik
Le caractère révolu des dictatures fascistes et communistes.
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Compositeurs bulgares et luxembourgeois alternent harmonieusement dans le programme concocté par la flûtiste luxembourgeoise d’origine bulgare Maria Miteva pour son album Golden Lights (Lumières dorées).
En exergue figure un poème, Butterflies, butterflies, écrit par l’interprète elle-même. Il expose l’esprit qui guida son choix : un fructueux butinage au sein d’un répertoire rutilant. Toutefois, l’absence de livret explicatif est cruelle pour le mélomane qui ne dispose d’aucune information pour satisfaire sa curiosité. Les pièces retenues se situent à la croisée des genres, mêlant les styles et les contrastes, les écritures contemporaines jouxtant l’easy listening de qualité.
Le disque s’ouvre avec A tiny step ahead de Boris Schmidt, dont les pizzicati de contrebasse et les castagnettes soutenant la flûte rappellent malicieusement La panthère rose et les musiques de séries télévisées britanniques. Arabesques for Maria d’Alexander Mullenbach pour flûte et piano développe un dialogue aussi plaisant qu’intense entre les deux partenaires et de puissants jeux rythmiques. Changement complet d’atmosphère avec la Monody de Miroslav Danev, confiée à la flûte seule, dont les mélismes épurés et contemplatifs nous guident vers la riche spiritualité des monastères orthodoxes.
Trois morceaux ressortissent du monde du jazz : Mitcho Leviev livre une Danse des femmes aux inflexions orientales et au rythme entrainant mais convenu. Après une intrigante entrée en matière, le Mish-Mash d’Antoni Donchev s’élance sur des rythmes populaires et répétitifs. Piquant et badin, Luda Gana de Valeri Kostov ménage une plage médiane d’une grande expressivité.
Formant le noyau central de l’album, Dobritse de Dimitar Bodurov est conçu pour flûte, voix enregistrée, clarinette, guitare et vibraphone. Jouant sur la réminiscence engendrée par l’audition d’une berceuse enfantine, la pièce nous transpose avec nostalgie dans une Bulgarie pastorale et disparue. Dans son dramatique Sense of the past, Albena Petrovic-Kratchanska affirme une personnalité trempée, une plume des plus inventives et une sûre maîtrise des techniques compositionnelles actuelles.
Les deux pièces d’Ivan Boumans (ibérico-luxembourgeois) assument fièrement leur héritage classique et se situent dans la lignée de l’école française. Avant toute chose déroule une ligne claire et toujours chantante qui magnifie la flûte. La grâce éthérée des Derniers instants d’un papillon clôt le cd sur une note de tristesse mêlée de gratitude pour tant d’émotions partagées. Maria Miteva et ses complices de l’ensemble Ars Nova Lux transcendent ces partitions avec une évidente jubilation et une sonorité charnelle excellemment mise en valeur par la prise de son de Claude Schlim. Richesse et diversité de la créativité bulgare confèrent à cet album un statut de petit trésor.