Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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La loi Clays-Léonetti n°2016-87 du 2 février 2016 créait un nouveau droit en faveur des malades et des personnes en fin de vie, « le droit à une sédation profonde et continue, maintenue jusqu’au décès (SPCMD) qui s’applique à la demande du patient, dans des cas bien particuliers. » Il s’agit donc, par un endormissement profond dosé de manière irréversible et mortelle, d’amener le patient aux portes de la mort. Était-ce un pas de plus vers l’euthanasie ? Le présent ouvrage peut aider à y réfléchir.
Cette SPCMD ne peut être décidée qu’à la suite d’une concertation collégiale réunissant, outre les proches du patient, l’ensemble de l’équipe soignante et un praticien d’un autre service.
Elle ne peut être administrée qu’en trois circonstances, dont la description consacre certaines expressions-clés, toutes expliquées ici, employées de manière récurrente dans les services hospitaliers de soins palliatifs et aussi de réanimation.
Première circonstance, le patient est atteint d’une « affection grave et incurable », dont « le pronostic vital est engagé à court terme », et qui présente « une souffrance réfractaire au traitement ».
Deuxième circonstance, le patient, atteint d’une infection grave et incurable, demande d’arrêter un traitement, alors même que cette décision engage son pronostic vital à court terme.
Troisième circonstance, le patient ne pouvant plus « exprimer sa volonté », le médecin estime que la poursuite du traitement relève d’une « obstination déraisonnable ». Après décision collégiale, la sédation profonde et continue, maintenue jusqu’au décès est administrée au patient.
Voici donc un ouvrage traitant de questions ressortissant aux soins hospitaliers, à la vie, à la mort, à l’éthique du soignant, à ses relations avec son patient et son entourage, qui touchera le lecteur à plus d’un titre ; l’extrême sensibilité du sujet, bien sûr, mais aussi la rigueur professionnelle et morale et la profonde humanité de l’auteur, le Dr Alix de Bonnières.
Elle fait face avec beaucoup de franchise aux problèmes difficiles soulevés par l’application de cette loi ; elle s’abstient de toute polémique, comme de tout esprit partisan ; elle dévoile toutes les fragilités déontologiques de l’exercice de ce nouveau « droit », tout en proposant un modèle de mise en œuvre professionnelle très exigeant et profondément respectueux du patient, illustré par de nombreux cas concrets.
À cette lecture, on frémit en songeant à ce que cette loi peut permettre si on l’applique sans cette rigoureuse honnêteté et cette scrupuleuse déontologie : quelles garanties avons-nous ?
Enfin, le lecteur appréciera la liberté d’esprit qui transparaît dans les trois petits apologues qui encadrent cet ouvrage : « La mort en 1919 », « La mort en 2019 », « La mort en 2119 », qui interrogent fort pertinemment sur la valeur et l’avenir d’un progrès sans âme.