Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Voici l’un des livres les plus inattendus, et les plus réconfortants, de cet automne.
Fils d’Adam Rayski, responsable des MOI, mouvement communiste regroupant les immigrés, pendant l’Occupation, journaliste de gauche, Benoît Rayski, et il n’y a aucune raison de le lui reprocher, a assumé toute sa vie ses origines juives et polonaises, ainsi que ses engagements rouges. Il les a assumés avec « bonheur », « vanité ». Ces choix entraînaient le rejet d’une France « réactionnaire », catholique, nostalgique de son passé royal, avec laquelle il ne se prétendait aucun lien. Il n’y avait pas de raison que cela change.
Jusqu’au jour où Benoît Rayski a découvert que l’antisémitisme qu’il n’avait cessé de combattre refleurissait effectivement en France, mais pas dans ces milieux dits d’extrême droite qu’il avait appris à détester. Et que cet antisémitisme-là ne devait sous aucun prétexte être dénoncé ni stigmatisé, quelles que fussent les atrocités dont il se rendait coupable. Alors, parce que, par tempérament, il est de ceux qui se battent au lieu de ramper, une saine et sainte colère l’a envahi devant les hypocrisies, les mensonges, les calculs, les lâchetés et les veuleries du pouvoir, des intellectuels, des médias, de tous ceux qui s’étaient appropriés les rênes du pays depuis des années et désormais baissaient la tête, déjà soumis, face à un Islam de plus en plus menaçant. Et soudain, Rayski a découvert ce qu’il se cachait depuis son enfance : il aimait la France, celle de Brocéliande et de Viviane, de Rocamadour et de la Vierge Marie, de tous ces lieux où souffle l’esprit, et il la défendrait.
Il faut du courage pour confesser ses erreurs, ses fourvoiements, avouer une admiration trop longtemps tue pour les bâtisseurs de cathédrales, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Barrès, Maurras, Venner, tendre la main à ceux qu’hier, l’on prenait pour des adversaires irréconciliables. Du courage, Rayski n’en manque pas, d’intelligence non plus. Face au péril commun, il va à l’essentiel, dans une langue superbe, parfois imprécatoire. Son livre lui vaudra des ennemis implacables parmi ses compagnons de route d’hier, mais, en le refermant, ému, l’on a envie, du fond du cœur, de lui dire merci.
Comment je suis devenu un sale Français, de Benoît Rayski, Le Rocher, 160p., 16,90 euros.