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Épuration vertueuse

En 1982, Pierre Gripari publiait Patrouille du conte où il imaginait une démocratie bienveillante attachée à réécrire tout l’imaginaire féérique et enfantin des contes, des comptines et des historiettes : on voit à quel point ce qui semblait une farce grincheuse est devenu, grâce aux « lecteurs en sensibilité », aux gens vigilants et aux éditeurs vertueux, une entreprise commerciale encouragée par les pouvoirs publics et leurs zélés relais.

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Épuration vertueuse

Aussi lire Patrouille du conte aujourd’hui est-il une expérience curieuse : le venin est affadi, en quelque sorte, la prescience s’est émoussée, on a vu bien pire ; mais demeure le plaisir d’un verbe allègre, de la relecture concontemporaine des vieux contes (Ali Baba, les trois petits cochons, Cendrillon, la Laide et la Bête…), d’un sens très sûr du bouffon, d’une critique goguenarde des conséquences inattendues de toute vertu exercée sans mesure. Et même ce qui a vieilli dans le texte, comme les allusions incompréhensibles au service militaire, prend un charme nouveau, comme si Gripari lui-même surgissait d’un temps fabuleux avec sa Patrouille, tiré de la mort pour venir contempler, stupéfait et amusé, la réalité de ses imaginations.

 

Pierre Gripari, Patrouille du conte. Sept cavaliers, 2025, 264 p., 19 €

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