Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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Lorsque le cardinal Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, s’exprime, il n’use pas de « la langue de buis ». Direct, ferme et lumineux, ce haut dignitaire de la Curie, figure emblématique d’une Église africaine qui se pose désormais en rempart de la foi, regarde les problèmes en face avec un bon sens dont le catholicisme occidental donne parfois l’impression de manquer.
Dès le titre du long entretien accordé au vaticaniste Nicolas Diat, Dieu ou rien, (Fayard, Paris, 2015, 415 p, 21,90 €) le ton est donné et il n’est pas aux concessions mondaines. Mgr Sarah n’en a jamais fait, et il ne semble pas d’humeur à s’y mettre.
Né à Ourous en Guinée en 1945, animiste, il a deux ans quand ses parents demandent le baptême et le lui font conférer. Commence un parcours qui le conduira au petit séminaire de Bingerville, puis au grand séminaire de Nancy car la révolution marxiste qui frappe son pays lui interdit de s’y préparer au sacerdoce. Ordonné le 20 juillet 1969 dans la cathédrale de Conakry, l’abbé Sarah est le seul séminariste guinéen de sa génération à ne pas s’être découragé devant les lourdes menaces pesant sur l’Église sous la dictature de Sékou Touré. L’abbé Sarah devient curé de paroisse, puis supérieur du petit séminaire de Conakry avant, en 1978, de succéder à son archevêque emprisonné. Face à la tâche écrasante et dangereuse qui l’attend, Mgr Sarah ne se dérobe pas. Il élève la voix quand tous se taisent, brave la colère du dictateur qui veut le faire disparaître mais meurt sans avoir eu le temps de se débarrasser de ce redoutable opposant, et s’impose comme la conscience nationale. Jean-Paul II, en 2001, l’appelle à Rome comme secrétaire à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples (Propaganda Fide), puis en 2010, il se voit confier par Benoît XVI la Congrégation Cor Unum, les œuvres caritatives du Saint Siège.
Ce parcours, le cardinal Sarah le raconte sans en tirer la moindre vanité. L’on comprend mieux, en le découvrant, pourquoi il est difficile de l’empêcher de dire ce qu’il pense s’il le juge nécessaire.
Nicolas Diat n’a évité aucune question gênante : crise morale et spirituelle de l’Occident, interprétations aberrantes de Vatican II, nécessaire restauration d’une liturgie digne de ce nom, scandale des prêtres pédophiles, communion accordée aux divorcés remariés, dictature du relativisme. Le cardinal Sarah se réfère aux Écritures, au catéchisme, à la Tradition, à l’enseignement constant de l’Église, aux figures de la pensée catholique d’hier et aujourd’hui, faisant preuve d’une culture époustouflante. Il dit ce qu’il y a à dire, sans agressivité, avec beaucoup de compassion mais jamais de faiblesse car la charité ne consiste pas à tout laisser faire et tout absoudre sous prétexte que Dieu est bon. Cela avec une sagesse et un humour immenses qui rendent attrayante la lecture de ce livre.