Civilisation
De nouveaux types de dictature qui attestent le retour de la prévalence de la Realpolitik
Le caractère révolu des dictatures fascistes et communistes.
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Deux productions récentes attestent de la vive tradition musicale et populaire qui se perpétue en Flandre française.
La mer l’a pris dans ses filets dès sa naissance en 1940 à Rosendaël. Issu d’une famille de marins-pêcheurs en Islande, Jacques Yvart n’a cessé de prendre le large, de surfer sur les mots et de naviguer dans la chanson Jusqu’au bout des vagues. Dans la vallée des roses raconte ses souvenirs d’enfance. Passionné par les récits maritimes, il a écrit des contes inspirés par des histoires vécues. Depuis les années 1960, il interprète des chansons de marin (L’homme et la mer, Chanson de la mer blanche, Enfants de Bretagne) ou « à texte » de son cru (Zones d’ombre). En 1963, il croisa le chemin de Georges Brassens, qui demeura son « maître à écrire, maître à penser, maître à vivre », dont il mit du temps à se départir avant de trouver son originalité. Par deux fois, celui-ci l’invita à passer quatre semaines en première partie de récital à Bobino en 1972. Il a animé pendant l’été 1966 l’émission La taverne de l’Olonnois sur France Inter où il diffusait récits et chansons maritimes. Son premier disque, édité en 1967, amorce une fructueuse collaboration avec le subtil poète dunkerquois André Devynck qui signa pour lui plus de cent-cinquante pépites ! Un pied sur la vague, un autre sur la digue, ce passionné de poésie a été inspiré par Marbeuf, Baudelaire (L’Invitation au voyage), Rostand (Citoyen du monde), Verhaeren, Dimey, Giono (Je ne peux pas oublier), Norge, Aragon (Le chant de la Paix), Vigneau, Moalic, etc. Il lança en 1983 La Vigie de la citadelle, journal satirique dans le pur esprit dunkerquois.
Militant attaché à sa Flandre natale (Nous sommes en Flandre), Jacques Yvart fut avant tout un bourlingueur (La bonne planète, Magellans de l’Univers), un citoyen du monde (Niama niama, Al Kag, Alabama blues), pour qui défendre et célébrer la nature (Progrès et capital), la paix (Mais qu’est-ce que t’as mis dans ma pipe ? Ma Terre, Être Pacifiste) et la fraternité (Depardieu, Coluche) comptait plus que tout. Ce grand voyageur a donné des concerts à moult reprises aux États-Unis dans des lycées et universités, ce qui lui valut le surnom de French troubadour. Il enseigna « 2 000 ans de chanson française » dans deux universités américaines. Espérantiste convaincu, il a participé à de nombreux rassemblements et a même enregistré Brassens en espéranto pour le label Vinilkosmo. Le Passager de la vie, après une dizaine d’années d’escale au Portugal, a jeté l’ancre dans le Valenciennois.
De sa discographie riche d’une trentaine d’albums, EPM propose aujourd’hui, dans sa collection Rouge & Noir consacrée au meilleur de la variété française, une plaisante sélection rassemblant soixante et un enregistrements originaux qui reflètent cinquante ans de carrière et résument une vie de passion et de combats humanistes. Elle permet de mesurer l’évolution stylistique et les influences passagères (Fugain, Ferrat, Gainsbourg,…) qui imprègnent la production de Jacques Yvart. Une anthologie attachante autant que nécessaire comprenant bien sûr le célèbre Jehan l’advenu sur un poème du belge Norge que Brassens avait inscrit à son répertoire.
Le dunkerquois Pierre Collache dirige un atelier de chant pour enfants avec lesquels il mène un travail de fond remarquable. « Contribuant – au même titre que d’autres disciplines artistiques – à la construction de la personnalité de l’enfant et à son épanouissement, le chant est par ailleurs un des éléments essentiels participant à l’élaboration du langage oral. Savoir écouter, savoir entendre, rester attentif, se maîtriser corporellement, agir en fonction des autres. Autant d’impératifs – pour un plaisir renouvelé – nécessaires à une pratique rigoureuse de la musique et impliquant donc un investissement réel chez les petits. » Son credo serait à méditer par tous les directeurs d’école de France, tant retardée dans le domaine de la formation musicale et de la pratique chorale.
45 enfants de l’école élémentaire Joliot-Curie de Saint-Pol-sur-Mer nous livrent une prestation impeccable tout au long des onze premières plages du nouveau disque concocté par leur professeur et intitulé : Entendez-vous ? Sans dogmatisme, celui-ci signe des textes simples, justes, évocateurs, aux claires vertus pédagogiques et civiques abordant les thèmes de l’écologie, de la fraternité ou encore du devoir de mémoire.
Dans ces comptines rafraîchissantes entrecoupées de bruits de nature, c’est toute la veine mélodique séduisante qui innervait les chansons de sa mère (la célèbre musicienne flamande Marieke) que l’on retrouve. S’inscrivant dans la lignée de Francine Cockenpot et d’Henri Dès, la musique demeure constamment en adéquation avec les capacités des jeunes interprètes. Tout est réjouissant dans cette production exemplaire qui s’achève par un vibrant hommage rendu par l’auteur à ses parents diminués par la maladie d’Alzheimer (Ils étaient deux). Cet hymne à la famille nous offre en bonus un émouvant inédit a capella de Marieke.
La voix septentrionale de Pierre Collache délivre un message bienfaisant, plein de sagesse et de confiance en l’avenir : « Il faut se tourner vers l’enfance/Qui vous regarde et qui vous voit. / Rien ne vaut plus que sa confiance/Et au-delà des apparences/C’est à vous de guider ses pas. » (La Tueuse).