Civilisation

Un écrivain maudit au Japon
Après nous avoir donné le splendide Grandeur et décadence des Caligny, Muriel de Rengervé nous emmène ce coup-ci au Japon. Mais il y a très peu d’exotisme, nous ne sommes pas chez Loti.
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Adaptation et mise en scène par Hervé Briaux. Avec Hervé Briaux et Emmanuelle Goizé.
Incarné par Hervé Briaux, Dumas se présente à nous en relatant ses origines et sa naissance. Fils du général Alexandre Davy de la Pailleterie, qui a gagné ses galons en servant la République, il naît en 1802. Quelques souvenirs surgissent mais ce qui s’annonçait prometteur bascule dans un vaudeville consternant. Une heure est peut-être trop peu pour faire le tour du génie de Dumas mais moins de vocalises et plus de mots aurait été judicieux. La pièce se terminant par une recette culinaire que le romancier considérait comme un art, exprimé avec brio et humour dans son Dictionnaire de la cuisine, est une façon d’entrebâiller les portes du panache mais qu’en est-il de Dumas écrivain ? Le personnage ne reflète pas cet infatigable travailleur d’une force vitale inhérente à sa création, qui apprendra grâce aux auteurs de chroniques, tels Froissart, comment se saisir d’un évènement pour l’insérer dans la fiction et lui donner la teinte de la vérité, ou des lieux de son enfance, les souvenirs du château de Fossés qui sera pour le futur écrivain ce que fut Combourg pour Chateaubriand, la matrice d’une imagination déliée. Ses voyages, ses rencontres notamment avec Hugo son contemporain et ami, Charles Nodier et le baron Taylor qui lui ouvriront les portes de l’Académie française, puis sa consécration en 1829 avec son chef d’œuvre Henri III. Il y a toujours « un bruit de galop » dans les romans de Dumas et cette vitesse il la doit à son statut de feuilletoniste avec le sens du rythme et du rebondissement qui donne naissance à des aventures haletantes et colorées à chaque page. Trop inconsistante, cette adaptation ne permet pas de côtoyer réellement le talent exceptionnel du romancier. Un rendez-vous manqué.