Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
Article consultable sur https://politiquemagazine.fr
Voici un ouvrage qu’un lecteur distrait ou trop pressé risque de parcourir comme un sec registre de constatations d’actualité, d’ordre juridico-sociologique. Cette grille de lecture n’est pas fausse, elle est réductrice. L’ouvrage, assez court, est articulé en 45 chapitres de 3 pages en moyenne, traitant essentiellement de questions de droit privé et plus particulièrement d’ordre sociétal. Les auteurs, à de rares exceptions près, n’émettent pas d’avis personnel, ils dressent un état des lieux juridique concernant la bioéthique, la famille, la santé, les règles de la vie en société. Ils se réfèrent surtout au droit de leur pays, la Belgique, ce qui permet d’en percevoir les nombreuses convergences avec le nôtre, et aussi les décalages (provisoires ?) comme par exemple en ce qui concerne l’euthanasie, dépénalisée chez nos voisins depuis 2002. Or, chacun des sujets traités dans ce livre met en évidence la métamorphose de ce droit censé à l’origine régir la conduite des citoyens dans la société en référence à des principes d’ordre supérieur. Qu’il s’agisse du droit matrimonial, de la bioéthique, ou de la morale publique, chaque chapitre décrit (presque) imperturbablement le même processus : ce droit, depuis Hammourabi, Solon, les Décemvirs, jusqu’à Bonaparte compris, était fait pour assurer, avec toute la rigueur désirable selon l’époque, l’ordre dans la société afin de garantir sa pérennité. Mais il est irrémédiablement rongé de nos jours par la dictature du désir et de l’individualisme ; l’enfant objet, le mariage sans lien, la famille dénaturée, le meurtre obliquement légalisé, tout y passe, tout est sacrifié sur l’autel du moi-moi-roi, au nom de l’exacerbation des notions de liberté et d’égalité. Ce qui dessine les contours d’une société humainement pauvre et stérile. Le titre du 45e et dernier chapitre est éloquent : « Liberté, égalité, solitude ».
Citons, pour finir, la très pertinente question posée à la fin de la préface : « … A-t-on le droit qu’on mérite et qui nous ressemble ? Faible, incohérent, narcissique et en somme impuissant à soutenir un collectif solidaire dévoué à un principe plus grand que nous ? ».