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Docteur Jivago

Le Docteur Jivago est l’œuvre de tous les superlatifs.

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Docteur Jivago

D’abord une adaptation d’un roman polémique à succès qui valut à Boris Pasternak, son auteur interdit, le prix Nobel de littérature en 1958. Ensuite une superproduction comme Hollywood en a le secret avec David Lean (1908-1991) aux commandes. Nous ne reviendrons pas sur la carrière de ce dernier – dont nous avons longuement parlé dans un numéro antérieur de Politique Magazine, à propos d’Oliver Twist –, sauf à préciser qu’au moment de tourner cette époustouflante fresque historico-romantique, le cinéaste anglais se trouvait au firmament de sa gloire puisqu’il venait d’être coup sur coup récompensé par sept Oscars à chaque fois pour Le Pont de la rivière Kwaï (1957) et Lawrence d’Arabie (1962). Jivago, quant à lui, en raflera cinq, dont celui du meilleur scénario et de la meilleure musique. Arrêtons-nous quelques instants sur ces deux distinctions. La première est décernée à Robert Bolt, scénariste que Lean s’était attaché pour Lawrence d’Arabie et qu’il retrouvera pour La Fille de Ryan (1970). Avec Docteur Jivago, Bolt réussit l’exploit de tirer d’un livre difficile et éminemment statique un scénario quintessentiel centré sur la romance impossible entre Omar Sharif/Youri Jivago et Julie Christie/Lara Antipova. Bolt confiera n’avoir « jamais vu quelque chose d’aussi difficile », ayant eu « l’impression de démêler des toiles d’araignées ».

Quant à Maurice Jarre, le Français de cette production littéralement cosmopolite (un producteur italien, Carlo Ponti, un Egyptien, Omar Sharif, un réalisateur britannique, des capitaux américains, un livre russe, des décors finlandais et espagnols…), le moins que l’on puisse dire est que sa composition pour Jivago est tout simplement d’un lyrisme étourdissant. À l’époque, Jarre a déjà à son actif la bande originale de nombreux chefs-d’œuvre parmi lesquels Les Yeux sans visage de Georges Franju (1960) et Le Président d’Henri Verneuil, ou de superproductions tels Le Jour le plus long (1962) de Ken Annakin et Darryl F. Zanuck et Lawrence d’Arabie. David Lean ne s’y trompera guère qui l’emploiera également pour La Fille de Ryan et La Route des Indes (1985), film pour lequel il obtiendra l’Oscar et le Golden Globe. La partition de Jarre dans Docteur Jivago restitue avec une indolence suave et entraînante la poésie du doux regard bleu de Lara.

À cette aune, le choix de Julie Christie, alors jeune mannequin de vingt-quatre ans, fut un des mieux inspirés de cette production à grand spectacle. Il n’est pas certain qu’une Sophia Loren (épouse du producteur Carlo Ponti) ou une Jane Fonda (toutes deux pressenties pour le rôle) eussent pu incarner avec autant de maestria la fraîcheur, l’innocence et, en même temps, la maturité froide d’un personnage aussi troublant que celui de Lara Antipova. Notons que Lean la sublimera par de subtils jeux d’éclairages mettant en valeur sa sensualité grave. Aurait-on le droit d’être plus circonspect s’agissant du rôle de Tonia campée par une Géraldine Chaplin susceptible, parfois, d’exaspérer par un excès de minauderie et une fragilité factice et surjouée ? Voire.

Quant à la trame historique, celle-ci n’est évidemment qu’un prétexte à une histoire d’amour qui se joue des évènements pourtant tragiques, et sur lesquels, précisément, Pasternak ne passera guère, liant ses personnages à son propre témoignage d’écrivain maudit. La carrière littéraire de Pasternak souffrira, en effet, du désamour des autorités de l’Union soviétique qui n’auront de cesse de le taxer d’antipatriotisme et d’agent de l’Occident capitaliste. Le personnage joué par Omar Sharif semble d’ailleurs être le double de l’auteur russe. Poète comme lui, il assiste, aussi impuissant que révolté, moins à l’effondrement de l’ordre ancien – parfois aussi injuste qu’il pouvait être rigide – qu’à l’émergence d’une nouvelle race d’hommes forgée artificiellement dans le feu des idéologies chimériques et sanguinaires. Lorsqu’il est reproché à Youri Jivago de commettre des textes « personnels, petits-bourgeois et individualistes », celui-ci doit faire face, fondamentalement, à une attaque quasi mortelle contre une certaine littérature entée, au moins depuis Dostoïevski, sur les tourments de l’âme humaine. Bien que boudé par la critique, le film sera un succès mondial – notamment en France où il avoisinera les dix millions d’entrées – autant qu’une vraie leçon de cinéma, Lean passant maître dans l’art des cadrages suggestifs et des profondeurs de champ.

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