Civilisation
L’œil écoute-t-il ce que voit l’oreille ?
Face à l’inflation visuelle envahissant l’univers musical, un subtil essai de Matthieu Guillot, docteur habilité en musicologie et musicien, nous rappelle l’étrange pouvoir des sons.
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Un roman historique, guerrier en l’occurrence, ou l’histoire romancée par l’ajout d’une intrigue que l’auteur a l’art d’intriquer dans le récit ?
C’est si subtilement confectionné que le lecteur se sent tantôt complètement pris par le sujet historique, tantôt envoûté par la personnalité du héros qui affronte les difficultés avec l’intelligence du présent et le sentiment de l’avenir.
Il faut dire que ce héros n’est pas mince – moralement parlant – puisqu’il s’agit de Bonaparte. Et le Bonaparte de 24 ans, officier artilleur, capitaine « canon », qui s’impose par son génie stratégique et sa perspicacité tactique lors du siège de Toulon en 1793. Il en deviendra général. Il n’est pas à proprement parler l’homme de la Révolution ; les circonstances ont fait qu’il en a pris le parti, même intellectuellement avec son Souper de Beaucaire, écrit à cette époque pour se justifier à ses propres yeux ; en réalité, son être singulier, incroyablement apte aux opportunités, se cherche pour coïncider au mieux avec son destin dont l’être suprême pourrait lui garantir la bonne étoile. Terriblement fascinant, exigeant, difficile, que ce sort qui vous vaut d’être plus intelligent que les autres, dans l’armée, dans la politique, dans l’esprit de décision, face aux grotesques personnages qui prétendent donner des ordres au nom de la République. La solution : façonner Napoléon dans Bonaparte. Il est une femme, vénitienne, qui a compris le personnage et veut le tuer pour sauver la contre-révolution.
Tout le roman est là qui nous décrit la violence des temps, la lucidité et la force de Bonaparte, la stratégie des Anglais, qui trompent leur monde comme toujours, des Piémontais et des Napolitains, et la naïveté des royalistes toulonnais ; enfin l’effroyable répression des insurgés – et des autres ! – par des commissaires à moitié fous comme Fréron. Le roman est le troisième d’une série dont les deux premiers sont parus il y a longtemps ! L’auteur, notre ami Philippe Bornet, grand connaisseur de Napoléon, peut se permettre de jouer avec les genres littéraires comme avec les dates.