Tribunes
Que faire ?
Adieu, mon pays qu’on appelle encore la France. Adieu.
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Marie-Joëlle Guillaume nous propose à nouveau un beau voyage au XVIIe siècle pour nous en faire découvrir ou redécouvrir la face féminine, à travers un ensemble de portraits particulièrement vivants et attachants.
Saintes, grandes dames de la littérature, hôtesses rayonnantes, frondeuses, politiques, ces femmes portèrent très haut et très loin selon leur génie propre l’esprit de charité et l’exigence spirituelle ou rayonnèrent d’un vif éclat dans la conversation, les lettres l’élégance de l’esprit ; elles ne furent pas seulement accomplies en leur vocation religieuse, sociale, politique ou artistique, elles furent exemplairement féminines en ce sens qu’elles furent pour les hommes qui les côtoyèrent de magnifiques inspiratrices et révélatrices de ce que doit ou devrait être la richesse et la fécondité du « compagnonnage », des deux sexes. Ainsi par exemple de Louise de Marillac et de saint Vincent de Paul, de la marquise de Rambouillet et de ses brillants hôtes masculins, d’Anne d’Autriche et du cardinal de Mazarin, de Madame de Lafayette et du duc de la Rochefoucauld, pour ne citer que ceux-là.
De plus, notre auteur a eu la belle idée d’ajouter à cette succession de portraits une évocation de personnages, fictifs ceux-là, tirés du théâtre classique ; en effet, il est intéressant de constater combien l’excellence féminine du siècle a pu imprégner non seulement la vie spirituelle, sociale et politique du royaume, mais aussi et très logiquement la vie culturelle et en particulier les héroïnes imaginées et mises en scène par nos poètes et dramaturges, Corneille, Racine, et bien entendu, Molière. C’est ainsi que sous la plume alerte de notre auteur défilent, entre autres et pour notre grand plaisir, Chimène, Sabine et Pauline, Andromaque, Phèdre et Bérénice, Toinette, Agnès, et Célimène.
Le XVIIe siècle est loin d’être exemplaire en toutes choses et Marie-Joëlle Guillaume ne se fait pas faute de nous le rappeler : guerres, famine et misère font partie intégrante du tableau. Mais la foi et la charité, la noblesse et le goût, le sens de la grandeur et de l’héroïsme et cette dimension si française de l’esprit que sont l’élégance et la gaieté ont marqué ce siècle d’un sceau de beauté et d’humanité, dont l’éclat souverain est dû pour beaucoup au génie féminin.