Voici un recueil de nouvelles, non sans talent ni intérêt littéraire d’ailleurs, sous-titré « Dix contes de Noël ». Autant dire tout de suite qu’il s’agit de publicité abusive car ces contes, publiés chez un éditeur catholique, n’ont rien à voir avec Noël, du moins dans une optique chrétienne.

Noël, ici, c’est le sapin, la bûche, l’espoir du bonheur, un vague désir de paix et d’amour universel, mais ni l’Enfant de la crèche ni le message qu’Il est venu apporter au monde et qui n’est certes pas ces bons sentiments sucrés et indifférenciés que vous rencontreriez pareillement aux Restos du Cœur, au Secours populaire et à la télévision. Noël, ce n’est pas uniquement l’« ouverture » à l’Autre, Migrant, étranger, réfugié, musulman bien entendu, qui a tellement à nous offrir, à nous autres, Européens de culture chrétienne qui l’écrasons de notre mépris imbécile.

On a tellement entendu cela et depuis si longtemps que le discours ne passe plus ; ni ce rejet de notre propre culture, notre propre identité, cette haine de soi exacerbée qui pousse à préférer Bouddha à Jésus et à le dire comme une évidence bien pensante.

Si Franck Andriat et ses personnages paumés commençaient par remettre l’Enfant de Noël et son message non édulcoré au cœur de leur vie, et se reprenaient à aimer ce qu’ils sont, peut-être bien des choses iraient-elles mieux, et pour tout le monde.

Frank Andriat : Un oiseau sur le bord de la fenêtre, Salvator, 140 p., 16 euros.

Funck-Brentano fut l’un de nos grands historiens ; peu de gens s’en souviennent. Il fut aussi, mais on l’a totalement oublié, un auteur catholique qui écrivait pour ce que l’on appelait alors « la bonne presse ». Le genre, il faut en convenir, a produit assez peu de chefs d’œuvre. Ce recueil de contes de Noël, paru en 1928, est cependant d’une qualité très supérieure à la moyenne de la littérature bien pensante de l’époque et, pour s’en tenir à un exercice convenu et balisé, l’historien ne s’en sort pas si mal.

On croisera dans ces pages Charlemagne et Louis XV, François Villon et Rembrandt, Henri IV et Mandrin, Robespierre, Saint-Just, Lebas et Hoche, tous peu ou prou touchés par la grâce de la Nativité, mais aussi, mais surtout des personnages de fiction souvent charmants, comme la douce Amile, captive sarrasine dont s’est épris un jeune seigneur chrétien, Jehan le Sellier, peintre au talent méconnu, Rési la petite Alsacienne amoureuse d’un gentil soldat républicain, ou la douce Jeanne, infirmière sur le front en 14. Tout cela est bien propre, trop sans doute pour notre temps qui ne s’embarrasse plus de mièvreries et de préliminaires mais les sentiments exprimés ici sont d’une grande qualité et d’une vraie noblesse et l’on aimerait qu’un reflet s’en dépose dans l’âme du lecteur.

Frantz Funck-Brentano : Contes pour la nuit de Noël, Via romana, 160 p., 16 euros.

Si Noël est universel, il se célèbre en certaines régions avec plus de fastes et d’imagination qu’ailleurs. C’est le cas en Provence, sous la double influence du félibrige qui préserva les traditions ancestrales, et de la popularité des santons. L’industrie touristique prit le relais au moment où le sens religieux de la fête tendait à se perdre.

Régis Bertrand, universitaire et spécialiste de l’histoire des crèches, a le mérite de se souvenir de la dimension chrétienne des festivités. Avec intelligence et érudition, il rend accessible à tous l’ensemble de traditions, parfois très antiques, qui entourent la Nativité en Provence. Il n’oublie rien, ni le gros souper, ni les treize desserts, ni les pastorales, ni l’ange bouffareu, ni le rituel de la bûche ni celui du blé de la Sainte Barbe. Des premiers jours de l’Avent à la Chandeleur, voilà expliqué, avec d’agréables illustrations, ces particularismes et les raisons de leur survivance ou de leur renaissance. Il n’est pas nécessaire d’être Provençal pour apprécier.

Régis Bertrand : Noël, fêtes et traditions en Provence, Ouest-France, 70 p., 11,90 euros.