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Constance et espérance

Saint Nicolas est venu. Vos maisons s’ornent des sapins, crèches et couronnes qui habillent l’Avent et Noël. Et, immanquablement, ma chronique du mois de décembre vous convie à l’engagement généreux au service des chrétiens d’Orient.

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Constance et espérance

Cette année encore, j’ai tenté de vous informer des soubresauts du Proche-Orient, et même d’ailleurs, afin de vous donner à voir l’urgence de notre mobilisation en faveur de nos frères dans la foi. Les centaines de volontaires de SOS chrétiens d’Orient partis en mission cette année forment la pointe avancée de la charité française envers ces communautés. Rien ne leur fut épargné. Ceux d’Arménie embrassèrent les souffrances des déplacés du Haut Karabagh, ceux du Liban partagèrent les angoisses de la guerre et de ses ravages.

Dans tous nos pays d’intervention soit le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Irak et l’Arménie, nous avons œuvré à tenir notre promesse primordiale : tout faire pour que les chrétiens d’Orient puissent demeurer et prospérer sur la terre de leurs pères. En cela, les bénévoles de notre association perpétuent un pacte plus que millénaire entre la France et les chrétiens du Levant.

Malheureusement, le rétrécissement national conduit de plus en plus de Français, notamment parmi les jeunes générations politisées, à interroger le sens de cet héritage. Nous aurions tort de mépriser leur remise en cause. Elle est le symptôme de cette France, qui, de nouveau, ne s’aime pas. Le raisonnement est glaçant : nous héritons d’une ruine spirituelle et culturelle, en déclin économique patent, nous n’avons plus les moyens de maintenir des serments dépassés. Cet argumentaire en appelle en fait, souvent sans le savoir, au devoir d’État, à la prudence, et finalement au bon ordonnancement des urgences pour la Cité. Il ne touche d’ailleurs pas que la question des chrétiens d’Orient mais nourrit bien des démonstrations sur les questions de souveraineté, de rapport à l’Union européenne, ou de politique étrangère.

Aider les chrétiens d’Orient, c’est tout à la fois conserver notre identité

SOS chrétiens d’Orient tente au quotidien de démontrer l’inanité de cette idée. Qui peut encore ignorer que l’étendue de nos maux s’explique par une crise de civilisation plutôt que par de simples lacunes politico-administratives ? Ceux qui prônent la désertion de la longue chaine du temps en arguant de l’immensité des périls du moment ne savent pas de quoi ils parlent. Ou mesurent mal cette immensité. C’est parce qu’elles sont profondes que les plaies de notre temps sont insupportablement douloureuses. C’est parce qu’elles sont profondes que ces plaies doivent être pansées totalement. Aider les chrétiens d’Orient, c’est tout à la fois conserver notre identité, affirmer la subsistance du génie français, incarner le refus de voir les vœux nationaux s’étioler et se perdre. Tout l’inverse d’un désordre de la charité.

Le tout récent livre d’Anne Le Pape, La Tradition liturgique, paru aux éditions de l’Homme Nouveau, est, à cet égard, très éclairant. Reportages, entretiens, citations nombreuses ponctuent le texte de la journaliste pour nous faire découvrir cette leçon bien connue des amis des communautés chrétiennes orientales : aller à la rencontrer des Églises orientales encourage toujours, par retour, à méditer la valeur et la vertu de notre grande tradition latine. Quand Anne Le Pape nous conduit dans les neuf Églises orientales catholiques de Paris, elle nous donne à comprendre la vigueur de la foi des descendants des martyrs roumains, des enfants de saint Maron ou des fidèles dédiant leur vie à maintenir la tradition liturgique, et donc cultuelle, dont ils ont hérités. Cette traversée des ilots d’expression orientale de la foi catholique, ultra minoritaires chez les minoritaires, nous donne des leçons d’espérance, bien sûr, mais surtout de constance dans les épreuves.

Saint et joyeux Noël aux lecteurs de Politique magazine. Ils sont déjà nombreux, d’une manière ou d’une autre, à aider les chrétiens d’Orient. Qu’ils se souviennent d’expliquer le sens de cette sollicitude à leurs proches. Dans une société brouillée, la pureté du cœur et la vérité des décisions doivent parfois s’accompagner d’une salutaire pédagogie.

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