Civilisation
Blake et Mortimer en toute liberté
L’Art de la guerre n’appartient pas à la collection standard de la série Blake et Mortimer mais à la série « Un autre regard sur Blake et Mortimer ».
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L’idée de base est bonne, et même louable puisqu’il s’agit, dans le contexte actuel de désagrégation de la société française, d’essayer de rendre aux « citoyens » la fierté de leur histoire. Cela revient, et l’on s’en félicitera, à rompre avec la démarche intellectuelle de la table rase à l’œuvre depuis si longtemps, en particulier dans l’enseignement.
Choisir Valmy pour inaugurer cette série consacrée aux batailles fondatrices de notre identité se comprend, et même que, « roman national » oblige, les auteurs se gardent de souligner les ambiguïtés et les faux semblants de cette « victoire » achetée par Danton avec les diamants de la Couronne au duc de Brunswick, son « frère » en maçonnerie.
Il est hélas pénible de constater les facilités et les à peu près du scénariste et du dessinateur : Louis XVI grotesque qui, à vingt ans, a déjà l’air du quinquagénaire obèse qu’il n’aura jamais l’occasion de devenir, Marie-Antoinette revue façon Sofia Coppola, des enfants royaux plus âgés que dans la réalité, sans doute pour éviter d’émouvoir, et des révolutionnaires plus sympathiques et brillants les uns que les autres …
Quant à l’intrigue, orchestrée autour du jeune Martin, orphelin qui vit son père branché par la justice du Roi et qui, élevé par un oncle prêtre, voue une haine farouche à l’Église et à la monarchie, elle est simpliste et agaçante au possible.
Dommage car aucune cohésion nationale ne se reforgera sans un renoncement préalable aux mensonges qui nous ont fait tant de mal.
Champs d’honneur, tome 1, Valmy, de Thierry Gloris et Emilio Zarcone, Delcourt ; 56 p.