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Castigat ridendo mores

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Castigat ridendo mores

Les trissotins modernes sont bien pires que ceux de Molière : certes, comme eux, ils emploient un jargon prétentieux et abscons. Comme eux, à de rares exception près, ils sont extraordinairement bouffis de cuistrerie et de vanité satisfaite ; mais en plus, nos modernes imposteurs sont de tristes suppôts de Mammon, et leurs entreprises ont pour objectif essentiel de conquérir des parts de marché dans la foire au pseudo-art contemporain. Fait aggravant, leur invasion de l’espace public, villes, jardins, musées, monuments historiques, est une véritable pollution non seulement visuelle, mais aussi esthétique et morale, qui prive les artistes authentiques de la place qui devrait leur revenir.

Une des meilleures répliques à opposer au ridicule mâtiné d’odieux, Molière le savait bien, consiste à en rire d’un bon rire franc et robuste. Nicole Esterolle nous en fournit une excellente occasion avec son ABC de l’art dit contemporain. Cet ouvrage se présente comme un dictionnaire de 92 rubriques traitées avec une verve rabelaisienne réjouissante ; le jargon des imposteurs et de leurs gogos est bien sûr abondamment moqué, mais aussi les protagonistes eux-mêmes, car il y a des noms et des volées de bois vert, pour notre plus grand plaisir.

Enfin ce livre ne fait pas seulement rire, car le fil des pages propose au lecteur une réflexion, ne serait-ce qu’a contrario, sur les rapports essentiels de l’art avec la vérité, le travail et le sens du sacré, d’où surgit la Beauté.

ABC de l’art dit contemporain,
Nicole Esterolle, Ed. Jean-Cyrille Godefroy, Septembre 2017, 237p. 18€

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