Civilisation
Tandonnet peint Poniatowski
Maxime Tandonnet nous a quittés brusquement l’an passé. C’était un ami que nous regrettons vivement.
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Jean-Fred Warlin est de la race des chirurgiens passionnés d’histoire, qui redessinent le passé avec la précision d’un scalpel : heureuse déformation professionnelle.
Il semble avoir jeté son dévolu sur les personnages du mitan du XVIIIe siècle. Après un livre remarqué sur Tiercin, éminence grise de Louis XV, son nouveau opus capte la trajectoire d’un prince de sang des Savoie, qui aurait pu prétendre au trône en Italie, mais a préféré le jeu, l’exil et la débauche. L’intérêt de ce modèle à ne pas suivre ? Il est aussi peu édifiant que fascinant par l’intense vie de plaisirs qui fut la sienne !
Victor-Amédée de Carignan fuit à 28 ans la ville de Turin, où il passait son temps à chasser, à danser et à contracter des dettes. Dépourvu de tout sens du devoir et devenu la bête noire de son beau-père, roi de Sicile, il abandonne sur les rives du Pô femme et enfant pour venir s’installer à Paris (1718), dans le magnifique hôtel de Soissons. Hôtel qu’il transforme en maison de jeux où il passe maître en l’art de tricher. Son comportement y scandalise bien des contemporains, à commencer par Saint-Simon, qui dresse de lui un portrait au vitriol. Warlin est plus mesuré mais on retrouve curieusement dans sa prose les tournures de phrases du mémorialiste du Grand Siècle.
À Paris, Carignan est un mélomane avisé, féru d’opéra italien. Il a aussi un goût prononcé pour les cantatrices et les danseuses. Jouant un rôle notable dans l’administration de l’Académie royale de musique, il sera un des principaux mécènes de Rameau. Bien que cerné par les créanciers, il sera protégé par le Roi et le cardinal de Fleury. Ses intrigues, ses dettes (il laisse à sa mort une ardoise de 6 272 650 livres !), ses maîtresses, son mode de vie, font de lui l’archétype du prince étranger à la cour de Louis XV. Warlin nous le restitue avec force détails et une grande érudition.

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