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BORNÉS ET ORDONNÉS

Dans mon village, cet été, un voisin qui est aussi un ami a acquis une maison dans un endroit un peu isolé et charmant, au milieu de terres abandonnées, envahies de maquis et de ronces. L’administration l’ayant mis en demeure de démaquiser et d’installer une fosse septique, il s’exécuta.

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BORNÉS ET ORDONNÉS

La vue des engins de l’entrepreneur déclencha une émotion considérable et chacun se souvint que ses aïeux avaient là des jardins, voire des vignes ou des vergers. L’un des mécontents, plus actif, alla borner ce qu’il pensait être ses parcelles et parla ouvertement lettre recommandée, huissier, avocat, référé. Dans les cafés, le soir, les conversations allaient bon train. Les gens prenaient parti, les vieux démons de la division reprenaient du service dans cette île où le fantôme de la vendetta rôde toujours. Mon ami décida de faire tomber cette émotion en allant rendre visite au mécontent qui s’aperçut alors que les travaux n’avaient pas touché ce qu’il disait être sa propriété. Consultés, les anciens déclarèrent qu’il était quasiment impossible de savoir qui pouvait se prétendre propriétaire. Les travaux achevés, les engins disparurent et l’émotion retomba. On avait frôlé la guerre, mais les artisans de paix l’avaient évitée.

Dans le village mondial, on aimerait retrouver la même sagesse. Mais, loin d’apaiser les ressentiments, les émotions y sont poussées au paroxysme. Toutes les passions s’y déchaînent. Nul artisan de paix qui ait autorité. Ces artisans de paix, dans l’histoire, s’appelaient les rois. Ils n’évitaient pas toujours les guerres mais ils travaillaient à les réduire. Ce n’était pas par un bon sentiment, c’était leur intérêt. Ils ne faisaient pas carrière dans la manipulation des émotions. Ils préservaient leur patrimoine. Une société ordonnée veut que chacun trouve son intérêt dans l’accomplissement de son devoir.

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