Civilisation

Le bouclier du héros
La 42e aventure d’Alix vient de paraître. Une nouvelle épopée se déroule sur l’île d’Ithaque alors qu’un navire mystérieux accoste ses rives paisibles.
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Les éditions Soleil poursuivent, avec habileté souvent, leur adaptation en bande dessinée de classiques de la littérature française. Gaston Leroux, longtemps regardé comme un auteur populaire tout juste bon à divertir, en fait partie.
On connaît l’argument de ce premier roman qui, à la fin d’une longue carrière dans le journalisme de terrain, rendit soudain Leroux célèbre : Mathilde Stangerson, fille et assistante d’un célèbre scientifique, était seule, enfermée à double tour dans son studio jouxtant le laboratoire paternel quand elle fut victime d’un agresseur qui faillit la tuer. Portes et fenêtres closes : comment le criminel a-t-il pu s’enfuir ? Si la police s’y casse les dents, Joseph Rouletabille, très jeune journaliste au génie déductif hors du commun, décidé à se faire un nom dans la profession, ne sera pas long à comprendre le fin mot de l’histoire. Quant à le faire avouer à Mlle Stangerson … Pourquoi, alors qu’elle sait le coupable prêt à récidiver, la jeune femme s’obstine-t-elle à se taire, préférant laisser arrêter l’homme qu’elle aime plutôt que dire la vérité ?
Rouletabille, à l’instar de Lupin, s’imposera comme une figure mythique. Il faut reconnaître que l’intrigue, construite sur une double et astucieuses mystification, n’a pas vieilli. À condition que le lecteur moderne ne s’ébaudisse pas des pudeurs de Mlle Stangerson et de son fiancé, prêt à payer de sa tête la sauvegarde de la réputation d’une jeune personne de quarante ans …
Gaudin donne une adaptation cohérente et solide, le dessin, classique, de Slavkovic, sert bien le propos en ressuscitant efficacement l’époque.
Un seul défaut : une fois que vous connaissez le fin mot de ce célèbre mystère en chambre close, avez-vous encore envie de lire un roman tout de même bien supérieur à un album de bande dessinée, quels qu’en soient les authentiques mérites ?