Civilisation
Vauban pour toujours
1692, le duc de Savoie franchit le col de Vars, emporte Embrun, puis Gap. Louis XIV demande à Vauban de fortifier le Queyras.
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L’eugénisme ne date pas d’hier : de tous temps, les hommes, ou plutôt certains d’entre eux, se sont préoccupés de sélection, de préservation à l’égard de notre espèce. Les anciens Grecs pratiquaient l’apothesis, l’exposition des bébés atteints de malformation ; Platon l’un des premiers a théorisé l’idée eugénique dans La République.
Au fil des siècles, la vision eugénique s’est multipliée et diversifiée, jusqu’à nos jours, où elle connaît des formes nouvelles, dopée par le scientisme et débouchant sur le transhumanisme.
Pierre-André Taguieff nous livre ici en un ouvrage très resserré un riche ensemble de références à de multiples auteurs se succédant à travers les siècles, mais foisonnant de plus en plus à partir du XIXe siècle, comme on pouvait s’y attendre.
Cette étude montre que l’eugénisme, sous des formes multiples, est à relier à quelques courants de pensée politiques et philosophiques, à la sécularisation du monde, au scientisme, et aujourd’hui au triomphe du matérialisme conjugué à l’individualisme, qui détournent la bioéthique de sa raison d’être, protectrice et respectueuse de la vie humaine.
Au plan théorique, et comme grille de lecture, il est possible de retenir trois éléments fondamentaux, auxquels se rattachent plus ou moins les théoriciens de l’eugénisme.
Citons d’abord une volonté politique et sociale d’éliminer de la société ses membres trop à charge et susceptibles d’en procréer d’autres ; différentes utopies en ont été, ou en sont encore imprégnées, comme le nazisme, le socialisme, le communisme et certaines formes de libéralisme.
Ensuite, le courant de pensée dit des Lumières avec sa vision utilitariste de l’humanité et de la société, qui marque les esprits encore aujourd’hui.
Enfin le darwinisme, toujours actif, qui incite nombre de chercheurs à intervenir de manière volontariste sur l’espèce humaine, comme la nature est supposée le faire pour le reste du monde vivant ; ce qui mène tout droit au transhumanisme, utopie prométhéenne s’il en fut.
On appréciera le ton objectif de Taguieff même s’il se montre plutôt bref dans sa présentation des positions des adversaires de l’eugénisme (7 pages).
Notre auteur nous livre ici un document remarquablement documenté, structuré, qui permettra au lecteur de se faire sa propre opinion sur un sujet qui engage profondément notre avenir.