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Bourgogne flamboyante

Voilà une exposition tout à la gloire de la Bourgogne, de ses héros et de ses œuvres.

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Bourgogne flamboyante

C’est toute la ville de Beaune, là où les bons vins sont, qui est “mobilisée”, avec ses trois musées, pour magnifier le XVe siècle bourguignon, sa puissance et ses expressions artistiques. C’est en 1430 que Philippe le Bon, duc de Bourgogne, crée l’ordre de la Toison d’Or pour « l’exaltation de la foi et de la sainte Église et l’excitation de vertus et bonnes mœurs », ce qui part d’un bon sentiment et lui vaudra peut-être d’être pardonné pour ce qu’il fit subir à la couronne française. 

La Bourgogne flamboie déjà depuis un certain temps et jettera encore longtemps ses feux, mais ce siècle et la politique ostentatoire des ducs de Bourgogne ont donné nombre de chefs-d’œuvre. “Ostentatoire” au sens où tout ce qui était commandé, conçu, créé et fabriqué n’avait de sens que dans sa monstrance, comme le rappelait André Chastel dans son Introduction à l’histoire de l’art français : les richesses étaient partagées avec les pairs, dans les palais, mais aussi avec le peuple par leur ostension, richesses admirables par leur transsubstantiation de capital en offrande, en œuvre d’art, et singulièrement d’art religieux. Richesses installées dans les églises et les hospices, promenées lors des processions, symboles d’un pouvoir personnel mais aussi signes rassurants d’une puissance temporelle bien établie et d’une communion “citoyenne”, l’admiration valant presque possession et en tout cas adhésion ; les reliquaires, l’orfèvrerie sacrée, les chapes, les statues et les tableaux arrachaient l’or à la circulation marchande pour le confier, neutralisé, à Dieu, les pauvres étant pourvus par ailleurs : c’est le chancelier Nicolas Rolin qui fonde, avec sa femme Guigonne de Salins, les Hospices de Beaune.

Tout est d’un gothique tardif plus qu’aimable

Hospice où on peut admirer aujourd’hui, dans la salle des Pôvres rendue (ou presque) à son état du XVe, le polyptyque du Jugement dernier de Roger de la Pasture (ou Van der Weyden), sur place depuis presque six siècles, donc. Restauré et descendu de sa console trop haute, le grand Piteux (ou Christ de Piété) attend, assis nu et ligoté, que les bourreaux aient achevé leurs préparatifs, et contemple le Christ du Jugement, assis lui aussi mais sur un arc-en-ciel, entouré de saints et revêtu de pourpre. Ce rouge chaud et lumineux est celui que Philippe le Bon avait choisi pour les chevaliers de son ordre. Rouge aussi l’ange qui tient les armes du chancelier Rolin. 

Toute l’époque baigne dans le christianisme et l’exposition ne fait pas l’impasse sur le religieux, lui donnant la juste place pour expliquer les actions des puissants envers les pauvres et l’Église et allant jusqu’à expliquer qu’il est bien logique que le Piteux domine la salle où sont alignés les malades puisque « les pauvres incarnent le Christ souffrant ». Ce n’est pas le moindre charme du parcours proposé que de nous replonger aussi dans la culture chrétienne de l’époque, omniprésente dans les thèmes et les modèles de toutes les œuvres, intelligemment mélangées dans chaque lieu, sculptures, peintures et ornements liturgiques se regroupant pour raconter l’essor de tel motif (représentation des sept sacrements), l’influence des Pays-Bas avec les Flamands ou l’importance de Tournai, haut lieu de la tapisserie. Tout est d’un gothique tardif plus qu’aimable, chargé parfois d’une histoire politique, comme ces tapisseries prêtées par le musée d’histoire de Berne que les Suisses avaient emportées comme butin après avoir vaincu Charles le Téméraire. Juste avant que le goût de la perspective ne creuse l’espace, elles mettent en scène les armées de César – très XVe dans leur attirail – comme une foule cuirassée et casquée vue de manière isométrique. On médite surtout sur ce goût du décor mobile qui exigeait qu’on parte en voyage et en campagne avec tout l’appareil de la puissance, du confort et de la beauté : c’était la vie qui continuait, en somme. Dans le Duché, seuls les malades restaient en place, dans le magnifique Hospice au décor immuable, orné d’œuvres immobiles et peuplé de corps sans cesse renouvelés puisant dans la contemplation du Christ du Jugement dernier les forces nécessaires au dernier voyage.

 

Quand flamboyait la Toison d’Or – Le Bon, Le Téméraire et le Chancelier. Beaune, jusqu’au 31 mars 2022. L’exposition est répartie sur trois sites de la ville de Beaune : la Porte Marie de Bourgogne (Musée des Beaux-Arts), les Hospices de Beaune (Musée de l’Hôtel-Dieu) et l’Hôtel des Ducs (Musée du Vin).

Illustration : Chaperon d’une chape de Lausanne, inspirée par Van der Weyden, Broderie en relief et d’application, soies d’or et polychromes. H. 55 x 55 cm, vers 1463, ©  Berne Musée historique.

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