Située entre mer et montagne, Grasse, « cité des fleurs », bénéficie d’un climat exceptionnel qui prédispose sa terre à la culture du parfum. L’industrialisation qui accompagna l’essor de la parfumerie grassoise depuis le début du XIXe siècle va s’ancrer de façon durable et visible dans le paysage urbain et rural de la ville durant les années 1860. Quatre usines constitueront les sites majeurs de l’industrie grassoise. De 1860 à 1945, les imposantes usines et les plus modestes fabriques vont se développer parallèlement, profitant des terrains agricoles de la campagne grassoise propice à l’installation de structures industrielles de grande envergure. Depuis, la maison Moilinard n’a cessé de grandir à travers cinq générations qui se sont succédé, transmettant un savoir-faire qui honore toujours les valeurs d’exigence et de qualité, secret de la longévité de cette enseigne que dirige aujourd’hui Célia Lerouge-Bénard. Parmi ses parfums on peut citer Bel Air à l’envolée florale, Cher Wood pour homme et femme, ambré boisé ou Aqua lotus à la fraîcheur aquatique, mais le parfum star demeure Habanita, créé par Henri Bénard, maire de Grasse. En utilisant le vétiver, matière première essentiellement masculine, et en l’associant au patchouli et au santal, il élabore un accord oriental inédit, alliance parfaite entre puissance, douceur et sensualité. Si au fil des années ce parfum s’est renouvelé, les ingrédients d’origine sont toujours les mêmes. Ses notes de fond (qui fixent le parfum) ambrées, vanillées et très persistantes, apportées par l’héliotrope, le cèdre, les muscs blancs, le vétiver et la vanille sont adoucies par une note de cœur floral : fleur d’oranger, jasmin, rose et ylang-ylang ; en note de tête se trouve une tendance plus fruitée avec la bergamote, le citron et la pêche. Le résultat offre une fragrance intense et chaleureuse qui donne l’envie d’une rencontre avec ce parfum, et si l’intimité s’installe, c’est l’assurance d’un attachement émotionnel durable. Quant au flacon, habillé d’un noir verni et d’une frise dessinée à l’époque par Lalique, aux reliefs charnels montrant les courbes sensuelles des nymphes des eaux, il révèle tout l’esprit de la fragrance, en accord parfait.