Le vieux monde libre ne cesse de se délabrer, secoué en permanence par des crises politiques, sociales, économiques et diplomatiques qu’il a engendrées mais qu’il ne peut résoudre sauf à se renier. Écartelée entre les États-Unis et la Russie, entre volonté de puissance et impuissance économique, l’Europe sombre.

Les sunnites ont pris possession de la Syrie, c’est-à-dire que la Turquie va pouvoir éliminer les Kurdes, Israël menacer encore plus étroitement l’Iran, et les islamistes massacrer les chrétiens à bas bruit.

L’Amérique est divisée comme jamais. Depuis sa fondation, après sa guerre d’indépendance victorieuse, un large consensus régnait sur l’ensemble du pays.
Il consistait à professer que les États-Unis constituent un pays à part, béni de Dieu et appelé à dominer le monde pour l’élever vers la liberté à la fois divine et démocratique. C’est sa « destinée manifeste ».

Saisissant l’occasion d’un coup d’État pro-grec, les Turcs avaient envahi une partie de Chypre, mettant immédiatement en œuvre les épurations ethniques où ils sont passés maîtres, sous le regard impuissant (?) des Européens.

« Bref, la mère c’est une femme, le père c’est un homme et laissez nos enfants tranquilles ! Point final ! Fin de discussion. »

Si Macron a achevé de détruire notre diplomatie, les premiers coups avaient été portés par Bernard Kouchner et sa théorie de l’ingérence : nous avons alors substitué une prétendue générosité à notre propre intérêt. Ce sont désormais les “valeurs” et l’empressement qui nous guident.

Notre diplomatie chinoise peut-elle se résumer à sauvegarder nos exportations de cognac ? Ou devons-nous prendre en compte la taille respective de nos économies, notre dépendance à la production chinoise et notre incapacité à véritablement influencer ce géant ?

L’Asie centrale est polluée par l’islamisme depuis les années 90. Elle envoya en Syrie des milliers de combattants défendre les couleurs de Daech. Ils sont retournés chez eux, où les attentats fleurirent, ils arrivent chez nous, où les attentats reprennent.

Assez souvent, les offensives états-uniennes se terminent mal, si l’on en croit l’histoire de ces cinquante dernières années. Les dirigeants bellicistes paraissent très embarrassés au moment de vérifier que leurs buts ont été atteints, et encore plus quand ceux-ci ne le sont pas. L’Ukraine est-elle un de ces conflits embourbés ?

L’Iran ne bouge pas. Hezbollah, Houtis, il y a des escarmouches mais le conflit reste contenu : l’Iran n’a pas les moyens d’un conflit, la dictature islamiste est fragile à cause de son économie, Israël ne veut pas d’un second front, les États-Unis ne veulent pas jeter aux orties la normalisation en cours au Moyen-Orient… Seul le Hamas a intérêt à ce que la guerre s’étende.

« Le reste du monde », comme on lisait parfois dans les statistiques, pèse lourd, en pétrole, en hommes, en territoires, en ressources. C’est un ensemble hétérogène, dont le principal point commun est de refuser que l’Occident mène le jeu mondial ou même prétende le mener. Cela inquiète beaucoup l’empire états-unien, qui alerte sur l’émergence d’un prétendu double maléfique.

Biden se sent contraint de se représenter pour contrer Trump, qui brûle de prendre sa revanche. Le premier ne fait pas l’unanimité, et surtout est incapable de réconcilier les États-Uniens avec eux-mêmes, le second tente de survoler ses embarras judiciaires et ses adversaires Républicains. Rien n’est joué.