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L’Asie centrale, nouveau vivier islamiste

L’Asie centrale est polluée par l’islamisme depuis les années 90. Elle envoya en Syrie des milliers de combattants défendre les couleurs de Daech. Ils sont retournés chez eux, où les attentats fleurirent, ils arrivent chez nous, où les attentats reprennent.

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L’Asie centrale, nouveau vivier islamiste

Le 22 mars dernier, un terrible attentat a provoqué la mort de plus de 140 personnes dans la banlieue de Moscou. Les quatre terroristes furent rapidement interceptés à proximité de la frontière ukrainienne. Ils sont Tadjiks. Plusieurs autres arrestations ont eu lieu depuis, les suspects sont tous originaires de pays d’Asie centrale. L’État islamique a revendiqué l’attaque mais les terroristes ont affirmé avoir agi pour l’argent.

L’Asie centrale comprend l’Afghanistan plus cinq anciennes républiques soviétiques, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, qui sont devenues indépendantes en 1991. Pour être complet, on y adjoint généralement le Xinjiang, une province chinoise peuplée majoritairement de Ouïghours, peuple d’origine turkmène et de religion musulmane où l’islamisme est très ancré.

La Syrie comme révélateur

Le terrorisme islamiste venu d’Asie centrale n’est pas chose nouvelle. Il se développa en Afghanistan à la suite de l’invasion soviétique de 1979 sous la houlette de Ben Laden, largement financé par la CIA, puis après 2001 et les attentats du 11 septembre, lorsque les Américains envahirent le pays à leur tour. Mais l’Afghanistan ne fut pas le seul pays à être contaminé par l’islamisme. Dès 1997 fut créé le parti islamique du Turkestan (dans le Xinjiang) puis en 1998 le Mouvement islamique d’Ouzbékistan dont les idéologies étaient similaires à celle de l’actuel État islamique (Daech). Ce dernier s’implanta ensuite directement dans la région. Seul le Kazakhstan fut à peu près épargné.

C’est à l’occasion de la guerre en Syrie que se manifesta massivement l’importance des islamistes en Asie centrale. Plusieurs milliers de djihadistes s’enrôlèrent chez Daech à partir de 2015. Les estimations des effectifs engagés se montent à 3000 Ouïghours, 2000 Ouzbeks, 2000 Tadjiks, 600 Kirghiz et quelques centaines de Turkmènes. C’est lors de cette même année que fut créé par des Pakistanais et des Afghans l’État islamique du Khorasan (EIK). Ce nom, quelque peu oublié, correspond au vieil empire samanide qui, au Xe siècle, englobait l’Afghanistan actuel, le nord-est de l’Iran et le sud du Turkménistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. L’État islamique du Khorasan porta le combat en Afghanistan où il se heurte depuis aux Talibans, entraînant des règlements de compte sanglants.

Beaucoup des djihadistes « syriens » sont morts ou restés sur place (notamment les Ouïghours dans la province d’Idlib), mais un nombre difficile à évaluer est rentré au pays, davantage endoctriné qu’avant et ayant acquis une expérience militaire contre l’armée syrienne. La vague d’attentats qui s’ensuivit n’étonna donc pas les observateurs.

Le 28 juin 2016, un Russe (Tchétchène), un Ouzbek et un Kirghiz firent 39 morts à l’aéroport d’Istanbul ; en avril 2017, un kamikaze kirghiz fit 14 morts dans le métro de Saint-Pétersbourg ; le 31 décembre de la même année, un Ouzbek mitrailla une discothèque d’Istanbul, tuant 39 personnes ; en juillet 2018, des islamistes assassinèrent quatre cyclotouristes occidentaux qui randonnaient au Tadjikistan. La liste est encore très longue. Comme on peut le constater à travers ces exemples, les attentats étaient locaux ou ne concernaient que la Turquie (coupable d’avoir arrêté plusieurs membres de Daech réfugiés sur son territoire) et la Russie en raison des deux guerres de Tchétchénie destinées à empêcher la sécession de ce territoire.

L’eldorado européen fait rêver

Les Occidentaux ont donc longtemps été épargnés par le terrorisme de l’EIK. Les attentats qui ont frappé la France, la Belgique ou l’Allemagne ont leur origine en Syrie. Les exécutants en venaient (on se rappelle la grande transhumance favorisée par Angela Merkel) ou étaient recrutés en Europe, mais les cerveaux étaient en Syrie. La victoire de l’armée syrienne aidée des Russes, de l’Iran et du Hezbollah libanais tarit naturellement cette source de terrorisme. On mesure à cette occasion la riche idée des Occidentaux de soutenir toutes sortes de milices soi-disant modérées mais en réalité islamistes, pour faire renverser Bachar el-Assad !

Il peut bien sûr y avoir encore des attentats commis par des Syriens, puisqu’on les a laissé venir en masse et sans contrôle, comme il se doit. Mais il n’y aura plus en Syrie de cerveaux pour les concevoir. La France a déjà subi des attentats commis par des Tchétchènes, donc des Caucasiens, pas encore par des terroristes venus d’Asie centrale. Nous avons en effet accueilli de nombreux Tchétchènes sur notre territoire, en raison de leur soi-disant persécution par « le régime de Poutine ». Beaucoup moins d’Asie centrale, non parce que nos frontières sont correctement surveillées (cela se saurait), mais parce que leur destination de prédilection est la Russie. Or, depuis l’attentat de Moscou, les contrôles se multiplient envers les Tadjiks et autres Ouzbeks. Des milliers d’expulsions ont déjà eu lieu et d’autres suivront. Les immigrés d’Asie centrale rentrent chez eux et beaucoup n’y resteront pas.

Il y a plusieurs raisons à cela. Malgré des ressources naturelles considérables (pétrole, gaz, uranium, fer, or…), les économies de ces pays ne décollent pas. La faute en revient à des gouvernements successifs largement corrompus et à des tensions ethniques persistantes liées à des découpages de frontières surréalistes. Les Soviétiques, afin d’empêcher l’éventuelle, et peu probable, émergence d’une identité centre-asiatique, avaient, par exemple, créé des enclaves ouzbeks en pays kirghiz, ou dessiné un éperon tadjik en Ouzbékistan. De ce fait, les tensions sont permanentes entre ces trois pays en raison de problèmes de partage des eaux (un enjeu crucial) et de tensions ethniques. Ainsi, en 2010, un véritable pogrom anti-ouzbek eu lieu au Kirghizistan, et les incidents, même moins graves, n’ont jamais cessé.

Dans les campagnes, le niveau de vie est très bas et l’eldorado européen fait rêver. L’obstacle principal est la distance mais nous savons bien que cela ne suffit pas. Les Afghans, de plus en plus nombreux en France, sont en train de le démontrer. En dehors de l’exploitation des sous-sols, l’autre activité économique majeure réside dans le trafic de drogue. Il est bien connu que l’Afghanistan est très spécialisé dans ce domaine mais cette activité est également très florissante au Tadjikistan ou au Kirghizistan, et engendre nécessairement des contacts fréquents avec des réseaux qui s’occupent également d’immigration illégale.

La vallée du Ferghana

Le plus inquiétant est le très important vivier islamiste que constitue un lieu bien précis, la vallée du Ferghana. À cheval sur l’Ouzbékistan, le Tadjikistan et le Kirghizistan, cette vallée est peuplée et pauvre. De plus, la tradition d’un islam rigoriste y est ancienne. Enfin, située non loin de l’Afghanistan, elle a vu passer de nombreux combattants talibans et surtout des membres de Daech, qui y recrute régulièrement.

Les grandes puissances sont très présentes dans ce très vaste et peu peuplé espace géographique. Les Russes tentent d’y conserver leur influence traditionnelle, les Chinois nouent des partenariats économiques tout comme l’Union européenne, les Turcs agissent économiquement et idéologiquement, favorisés par une proximité ethnique et religieuse, les Américains, enfin, tentent d’évincer les Russes et de s’implanter militairement.

Tout ceci se passe sous les yeux d’une population au niveau de vie très faible. Le potentiel djihadiste y est donc considérable. Il vient de frapper durement la Russie. En France, d’imbéciles idéologues, aveuglés par une russophobie devenue pathologique (à quand l’interdiction des auteurs russes comme en Ukraine ?) ont à peine caché leur joie. Ils ont tort, car, pour nous, le danger se rapproche.

 

Illustration : Shamsiddin Fariduni, ouvrier de 25 ans, musulman tadjik, a ouvert le feu pour 500 000 roubles (5000 euros).

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