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Un islamisme français est-il « plausible » ?

L’islam et l’état. Sous couvert de lutter contre l’islamisme, le Rapport de l’Institut Montaigne propose d’accorder à l’islam en France un soutien matériel et organisationnel ainsi qu’une promotion culturelle, éducative et diplomatique.

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Un islamisme français est-il « plausible » ?

Troisième rapport rendu sur l’islam par Hakim el-Karoui depuis deux ans, La Fabrique de l’islamisme (septembre 2018) pose à nouveau la question islamique en termes libéraux. Le coordonnateur appelle en quelque sorte à purifier l’islam par la rationalisation financière, c’est-à-dire à y injecter du libéralisme d’État.

Mais ce sont essentiellement les propositions culturelles, éducatives et diplomatiques qu’approfondit le rapport, après un tableau fourni de l’islam mondial et en particulier européen et numérique. Il semble voir dans l’islamisme une aubaine pour pousser les Français à se saisir de la question de l’islam, à relancer une politique arabe et à s’engager dans un projet d’union euro-maghrébine qui étend, parachève, concurrence ou supplante la construction européenne.

Un islam français

Dans ses rapports de 2016 et 2017, l’Institut Montaigne voulait construire un islam français et mettre en œuvre une politique de coopération avec le Maghreb. Dans celui de septembre 2016, l’Institut Montaigne recommandait d’étendre le concordat d’Alsace-Moselle à l’islam, de faire financer le culte en France par une Association musulmane pour un islam français (AMIF), d’élire un grand imam de France, de créer un secrétariat aux Affaires religieuses et à la Laïcité placé sous la tutelle du Premier ministre, de développer la connaissance qu’avaient les Français de l’islam et de leur enseigner l’arabe classique à l’école publique.

Dans le rapport suivant d’août 2017, Nouveau monde arabe, nouvelle « politique arabe » pour la France, el-Karoui appelait cette fois à la mise en œuvre d’une « priorité au Maghreb » afin de réaliser une Union pour la Méditerranée plus réaliste : le Dialogue en Méditerranée occidentale ou « 5 + 5 ». Il allait jusqu’à évoquer un « front franco-maghrébin » pour contenir deux problèmes compromettant cet « avenir commun » à la France et au Maghreb : l’islamisme et les migrations. Trois axes étaient retenus pour l’action publique dans le rapport : la sécurité (coopération des services de renseignement, soutien financier et humain d’une frontière européenne avancée outre-Méditerranée), le développement économique (le Maghreb étant à la France ce que l’Allemagne de l’Est était à l’Allemagne de l’Ouest), la culture. C’est le développement lacunaire de ce troisième axe que vient compléter la publication du troisième rapport dont il est question aujourd’hui. La culture et l’instruction offrent les perspectives les plus intéressantes et les plus nécessaires à la réalisation d’un grand dessein : Euro-Maghreb 2025 ; il s’agit d’une stratégie d’intégration économique fondée sur trois axes : le libre-échange avec le Maghreb, une coopération technico-administrative et une économie régionale spécialisée.

Une institutionnalisation de l’islam

Le rapport 2018 promeut un consistoire central islamique appuyé par un État engagé. Dans son rapport 2017, el-Karoui ne faisait encore qu’esquisser une stratégie culturelle nécessaire pour « dépasser l’histoire et regarder vers l’avenir » : élargissement de la francophonie, valorisation des binationaux et création d’un Office franco-maghrébin pour la jeunesse, promotion du Maghreb dans l’enseignement-recherche, développement de l’enseignement scolaire de l’arabe classique et maghrébin, création d’un secrétariat général aux Affaires maghrébines.

Mais les compétences qu’assigne en 2018 l’auteur à l’AMIF sont vertigineuses : formation et rémunération des imams, construction des lieux de culte, production théologique, lutte contre l’islamophobie et l’antisémitisme. Il faut s’interroger sur cette « caisse centrale » qui évoque le fonds public d’investissement ou la fondation richissime. Une association cultuelle – c’est-à-dire selon la loi de 1905 et non celle de 1901 – mais pourvue de la qualité d’« institution » fait l’objet d’une reconnaissance étatique qui peut être aussi financière : recouvrement d’une taxe lors de contrôles de traçabilité ou au paiement d’un séjour à La Mecque ? Perception du montant d’un plan de lutte contre les discriminations ? Création d’une niche fiscale ? Lancement d’un emprunt public ? Suspension des poursuites contre certains circuits financiers clandestins ?, etc. Les Français mangeant de la viande halal à leur insu, tous contribueraient de manière décuplée au financement du culte, de même qu’à la création de facultés publiques d’études islamiques ou à la construction par les collectivités de centres ouvertement culturels et cultuels. Pour favoriser la création d’un « contre-discours » issu des musulmans, l’État acculturerait l’islam : « ce qui est valable en Turquie ou en Arabie saoudite ne doit pas être pris pour argent comptant en France. ». Il servirait une apologétique : « L’État se doit d’améliorer la connaissance des tenants idéologiques et des aboutissants politiques et sociaux de l’islamisme » ; ce qui conduit à une orthopraxie : « Il convient aussi d’assurer avec l’Arabie saoudite que l’AMIF aura rôle central dans l’organisation du pèlerinage. » Le tout appuyé sur ses propres ministres : les enseignants-oulémas, car il convient d’« apprendre aux cadres et aux enseignants à interpréter les manifestations de l’extrémisme religieux aussi. » Il faut aussi d’autres professeurs d’arabe, car « relancer l’apprentissage de la langue arabe est majeur », et des fonctionnaires fournissant « un travail de communication intense ».

La France peut encore œuvrer à la création d’un Erasmus de l’islam : « C’est au niveau européen qu’un travail de formation des cadres religieux peut être engagé ». Deux derniers projets signeraient un engagement déterminé des autorités en faveur d’un islam de France, moteur de l’oumma : une sorte d’Islamovision : « Il faut enfin que les musulmans de France puissent dialoguer avec les États musulmans sur des questions théologiques ». Puis une coopération – « prudente » – avec l’Arabie séoudite : « un travail théologique dont l’objectif serait de trouver les bonnes réponses aux concepts émis par les Saoudiens qui posent tant de problèmes en France ».

Politique arabe

Pour le grand retour de la politique arabe de la France, il faut apparemment comprendre qu’il s’agit d’une politique européenne dont la France serait chef de file ; el-Karoui propose rien de moins que de régler le principal problème du monde arabe : l’islamisme. Il montre ainsi dans une étude d’une grande richesse que si les salafistes et les fréristes n’ont pas la même méthode, le prosélytisme internationaliste des premiers converge avec l’activisme « victimaire, identitaire, revendicatif, post-colonial, islamo-gauchiste, voire directement politique » des seconds. C’est donc sans issue.

Il prétend surtout faire dialoguer deux raisons contraires, l’islamique et la libérale, alors que c’est ici la conjugaison de deux irrationalités. L’islamique dénie l’entendement à l’individu. La libérale assène que l’islamisme occidental forme sur les réseaux sociaux « un système rationnel puisque s’appuyant uniquement sur l’étude des textes, l’interprétation littérale du Coran et de la Sunna » (sic) !

Cet islamisme offre en définitive aux tenants des Lumières un coûteux faire-valoir, donnant « à voir en négatif toutes les forces de ce même Occident : la liberté de l’individu face à la destinée religieuse, l’égalité entre les hommes et les femmes, la fraternité dans la République ». C’est là sans doute la cause de sa popularité dans les élites.

Par François Aloivine

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