Civilisation
Pour Charles Maurras, In Memoriam
Il y a 70 ans de cela, le 16 novembre 1952, Charles Maurras s’éteignait à la clinique Saint-Grégoire de Saint-Symphorien-lès-Tours, dans le département d’Indre-et-Loire, âgé de 84 ans.
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Le professeur Jean Rouvier est décédé le 26 juillet dernier. Docteur en droit, agrégé de droit romain, professeur titulaire de chaire à la faculté de droit de Panthéon-Assas, il est des figures qui marquent une époque.
On ne l’appelait que « le Professeur ». Il tenait à ce titre, lui qui méprisait les décorations ; pour lui, elles étaient, comme disait Montaigne, « de la fausse monnaie ».
Et, professeur, il l’était pleinement et le fut toute sa vie.
Le voir gravir quatre a quatre les larges marches en marbre de la faculté du Panthéon donnait la mesure de son enthousiasme Il aimait à porter la robe, et ne tolérait pas la moindre agitation dans ses cours où – disait-il avec fierté – « on entend une mouche voler ».
Mais c’était aussi un combattant. Né en 1927 au Vésinet dont son grand-père, Gaston Rouvier, directeur de cabinet de Clemenceau, était le maire, il n’a que 13 ans quand la guerre éclate mais brûle de se rendre utile. Dès 1942, il dirige un réseau de renseignement pour la résistance. En 1945, enfin, il pourra mettre l’uniforme et participera à l’occupation de la Rhénanie.
Étudiant en droit a Paris, il fait sa thèse sur La République romaine et la démocratie, mais est aussi secrétaire de René Cassin, le célèbre rédacteur de la déclaration universelle des droits. Il préparera ensuite l’agrégation des facultés de droit où il sera reçu premier en 1960 à l’âge de 33 ans.
Il est à cette époque conseiller de Michel Sudreau, alors ministre de la Construction, puis d’Edgar Faure qu’il aidera à passer l’agrégation avant qu’il ne devienne ministre de l’Éducation nationale en 1968. Son collègue Raymond Barre l’appellera ensuite auprès de Valéry Giscard d’Estaing pendant la campagne de 1974, puis à l’Élysée où il restera conseiller jusqu’en 2007. Également conseiller spécial auprès de la Commission européenne, il sera chargé de trouver une solution à la pollution des océans, se liera d’amitié à cette occasion avec Pierre-Yves Cousteau et sera à l’origine, après le naufrage de l’Amoco Cadiz en 1978 – 230 000 tonnes de pétrole brut déversées sur les côtes bretonnes – de la jurisprudence dite du « pollueur payeur ». Amoco Transports devra en 1992 verser 192 millions d’euros de dommages et intérêts.
À Paris II, où il est titulaire d’une chaire de Défense, il enseigne aussi avec passion l’histoire des idées politiques. Son cours, magistral dans tous les sens du terme, sera publié en deux volumes : Les idées politiques des origines à Jean-Jacques Rousseau et de Jean-Jacques Rousseau à nos jours.
Chrétien convaincu, il sera, en 1984, à la manœuvre pour la rédaction de l’accord Lang-Cloupet qui permit aux écoles chrétiennes diocésaines de survivre au projet de « grand service public unifié de l’Éducation » que Mitterrand voulait imposer.
Peu attiré par les mondanités, il s’était retiré ces dernières années dans le Val-de-Loire. Lecteur assidu d’Alexandre Dumas, il affronta la mort avec panache. Très affaibli, il sifflottait encore lors de nos visites comme pour dire : « vous voyez, tout va bien ». Le soir de sa mort, il flottait dans l’air torride comme une brise de conquête riante et déterminée de l’azur. Son âme sans doute, qui comme la chouette de Minerve « ne prend son envol que le soir »…