Civilisation
Juste un souvenir
Avec Myriam Boyer. Mise en scène de Gérard Vantaggioli. Avec la participation de Philippe Vincent
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Anne-Laure, femme, veuve et actrice se raconte. Sa vie est passée au crible et ses aventures théâtrales sont narrées avec nombre d’anecdotes parfois croustillantes. Durant ce monologue, amour et désillusion se côtoient ; la frontière entre la vie personnelle et sa carrière artistique est souvent ténue. Puis survient un écrivain, un journaliste qui l’interroge dans le but d’écrire un ouvrage sur la star. Elle s’y oppose, ne veut rien dire et surtout est exaspérée à l’idée d’une biographie qu’elle juge inutile. Mais avec le temps, une coupe ou deux de champagne, une cigarette… soudain la parole se libère. On admettra que ce sujet et cette trame ne paraissent pas suffisants pour construire une pièce de théâtre. Mais c’est sans compter avec le texte de Philippe Minyana, écrivain prolifique, créateur de trente-cinq pièces, livrets d’opéras et pièces radiophoniques, et récipiendaire du prix Théâtre de l’Académie
Le langage teinté de poésie est habité par l’humour, avec des répliques qui font mouche et rebondissent tout au long de la soirée. Et puis il y a sur scène dans ce rôle qui pourrait passer pour stéréotypé, l’actrice ! C’est Judith Magre, un des monstres sacrés du théâtre (plus de cent spectacles avec un long passage au TNP), du cinéma, (plus de 60 films) et de la télévision (50 pièces et téléfilms). Judith Magre, c’est le prix de la meilleure comédienne du Syndicat de la critique (1971) et prix Plaisir de la meilleure comédienne pour Les Prodiges (1972), Trois Molières et le Prix du Brigadier d’honneur pour l’ensemble de sa carrière.
En face d’elle, Thierry Harcourt, acteur et metteur en scène qui partage son activité entre Londres et Paris.
On aurait pu craindre qu’il ne soit présent que pour la réplique. Que nenni ! Outre qu’il en assure la mise en scène, il tient tête avec élégance à la star, qui semble ravie de cette joute. Dans un autre registre elle doit se remémorer l’immense expérience qu’elle avait vécue au TNP sur un ring, face à Georges Wilson dans Les Prodiges de Jean Vauthier qui reste une référence dans le théâtre de l’affrontement verbal et lyrique.
La pièce serait prévue pour une reprise.
Judith Magre a 91 ans et l’on soupçonne Thierry Harcourt d’en être amoureux ainsi que l’ensemble du public. n Bruno Stéphane Chambon