Patrick Forth souffre d’une forme d’autisme bien particulière : si elle ne nuit en rien à des qualités intellectuelles qui font de lui un quasi-génie, elle l’empêche d’éprouver des émotions, donc d’entretenir des liens normaux avec les autres dont il ne comprend ni les comportements ni les réactions. À cause de cela, imprudemment, certains le croient demeuré.

Patrick ne l’est pas. Inscrit en faculté de médecine à Cardiff, passionné d’anatomie, il met à ses études un acharnement rare. Pour lui, trouver la cause du décès du « cadavre 19 », un anonyme ayant fait don de son corps à la science, est plus qu’un défi estudiantin, une véritable obsession. Lorsque le jeune homme découvre que le permis d’inhumer ne coïncide en rien avec la réalité, il ignore courir un grave danger. Car le « cadavre 19 » est bel et bien mort assassiné, en salle de réanimation …  Et il se pourrait qu’il ne soit pas le premier dans le service …

Belinda Bauer ne recule jamais devant les sujets à hauts risques et les personnages atypiques. En bâtissant son intrigue autour d’un héros autiste, désarmé face aux réalités de l’existence, et d’un grand blessé gisant dans une salle d’hôpital, lui aussi dans l’impossibilité de communiquer, elle pose des questions cruciales, et dérangeantes, sur notre société déshumanisée.

Cela donne un livre noir, glauque, angoissant mais qui va au cœur du vrai problème : l’homme, et le médecin en particulier, peut-il s’ériger en maître de la vie et de la mort de son prochain ? Vous n’en dormirez plus ? Tant mieux, vous aurez le temps d’y réfléchir !

Belinda Bauer : Cadavre 19, 10-18 ; 400 p ; catégorie 7